Une pluie de corps à suivi l'explosion du Boeing du vol MH17

Après l'explosion du Boeing du vol MH17 de Malaysia Airlines jeudi, une pluie de corps, de pièces de métal, de morceaux de bagages et autres débris s'est abattue sur les maisons et les terres cultivées du petit village de Rozsypne, dans l'est de l'Ukraine, près de la frontière avec la Russie. /Photo prise le 18 juillet 2014/REUTERS/Maxim Zmeyev

par Anton Zverev ROZSYPNE Ukraine (Reuters) - Une forte explosion a fait trembler les murs, puis les corps ont commencé à pleuvoir, jeudi dans l'est de l'Ukraine, lorsque le Boeing du vol MH17 de Malaysia Airlines s'est écrasé. Un des corps a transpercé le toit branlant de la maison d'Irina Tipounova, dans le petit village de Rozsypne. "Il y a eu un bruit assourdissant, puis tout a commencé à s'agiter. Des objets tombaient du ciel", témoigne cette retraitée de 65 ans, devant sa maison de briques grises. "J'ai ensuite entendu un vrombissement et elle a atterri dans la cuisine", raconte-t-elle, désignant le trou laissé dans le plafond de sa maison par le corps d'une victime. Le corps nu de la femme décédée gît encore à l'intérieur de la maison, à côté d'un lit. "Le corps est encore ici car on m'a dit d'attendre que les experts viennent le récupérer", ajoute la femme encore visiblement sous le choc de cette expérience traumatisante. A une centaine de mètres du domicile d'Irina Tipounova, des dizaines d'autres corps se sont échoués dans les champs de blé où l'avion de ligne a chuté jeudi, entraînant la mort de ses 298 passagers et membres d'équipage. "J'ai ouvert la porte et j'ai vu des gens tomber du ciel. Un corps est tombé sur mon carré de légumes", témoigne une jeune femme, qui préfère taire son nom. Outre des corps, c'est une pluie de pièces de métal, de morceaux de bagages et autres débris qui s'est abattue sur les terres cultivées de cette région frontalière de la Russie. L'avant de l'avion s'est écrasé dans un champ de tournesols à un kilomètre de là. Les services de secours, peu nombreux jeudi, sont arrivés en nombre vendredi, installant leur camp de base dans deux grandes tentes plantées dans ce paysage chaotique. Ils disent avoir retrouvé la plupart des corps, quelques-uns intacts, d'autres abîmés, en ont regroupé certains. Quelques cadavres ont été enveloppés dans des bâches de plastique transparentes, maintenues au sol à l'aide de petits tas de terre ou de pierres. Parmi les victimes, se trouvaient de nombreuses femmes et beaucoup d'enfants, dont un petit garçon d'une dizaine d'années, gisant encore près du cockpit, recouvert d'une toile plastique. Des combattants rebelles, en treillis, observent la scène nerveusement. Kiev accuse les séparatistes d'avoir abattu l'avion, ce qu'ils nient. Ils ont promis de ne pas entraver l'enquête internationale qui doit être menée. Au loin résonne le bruit des combats entre leurs camarades insurgés et les forces gouvernementales. (Agathe Machecourt pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)