Une pénurie de charbon menace l'Ukraine cet hiver

A Krasnoïarsk, en Sibérie. Une pénurie de charbon, bien plus que de gaz, menace de plonger l'Ukraine dans le froid et l'obscurité cet hiver, après la décision de la Russie de suspendre ses livraisons à Kiev. /Photo prise le 26 novembre 2014/REUTERS/Ilya Naymushin

LONDRES/BRUXELLES (Reuters) - Une pénurie de charbon, bien plus que de gaz, menace de plonger l'Ukraine dans le froid et l'obscurité cet hiver si la suspension des livraisons russes annoncée lundi par Kiev se confirme. Contredisant les affirmations des autorités ukrainiennes, le président des chemins de fer russes, Vladimir Iakounine, a cependant annoncé mercredi que 12 trains chargés de charbon allaient partir "immédiatement" pour l'Ukraine. Les combats entre l'armée gouvernementale et les séparatistes dans le Donbass, l'Est industriel du pays, ont perturbé l'approvisionnement des centrales thermiques qui assurent environ 40% de la production nationale d'électricité. Des mesures d'urgence ont été prises en vue de limiter la consommation mais des coupures importantes semblent inévitables dans un avenir proche si l'Ukraine ne peut importer rapidement du charbon. "Nous n'avons plus de réserves, on tire sur tout au maximum et le moindre problème technique peut provoquer d'importantes coupures", reconnaît Andreï Favorov, directeur général de la compagnie d'investissement Energy Resources of Ukraine. "Le seul moyen de ne pas geler cet hiver, c'est de négocier en laissant la politique de côté: nous devons chercher à acheter du charbon auprès de fournisseurs fiables, en Afrique du Sud, en Australie, au Viêtnam ou dans d'autres pays." Parallèlement, des responsables européens tentent depuis des mois de négocier un accord pour assurer le ravitaillement de l'Ukraine en gaz naturel, après la décision de Moscou en juin de suspendre ses fournitures à Kiev. Les réserves actuelles de gaz pourraient permettre au pays de tenir environ trois mois et demi, à condition que le temps ne soit pas exceptionnellement froid. Pour le charbon, les combats dans l'Est ont conduit à la fermeture de nombreuses mines et perturbé les livraisons qui alimentent les centrales thermiques. L'an dernier, l'Ukraine a produit plus de 60 millions de tonnes de charbon, assurant la couverture de ses besoins. Mais depuis juin la guerre dans les régions de Donetsk et de Louhansk a conduit à la fermeture de 66 mines sur 126, selon l'association européenne Euracoal. D'ici à avril 2015, le pays devra importer chaque mois entre un et deux millions de tonnes de charbon, selon les estimations. Les usines hydroélectriques et les centrales nucléaires fonctionnent à plein régime, avec les risques que cela entraîne, pour tenter de subvenir aux besoins. L'Ukraine est en Europe l'un des principaux producteurs de charbon, qui fournit environ 40% de son électricité. Le reste provient du nucléaire (45%), du gaz (10%) et des usines hydroélectriques (5%), selon les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). (Nina Chestney et Barbara Lewis, avec Svetlana Burmistrova et Gleb Stolyarov à Moscou, Pavel Polityuk à Kiev et Peroshni Govender à Johannesburg; Guy Kerivel pour le service français)