Une organisation dénonce une attaque aux gaz toxique en Syrie

Un groupe humanitaire opérant dans les territoires contrôlés par les rebelles en Syrie a déclaré mardi qu'un hélicoptère avait largué dans la nuit des bonbonnes de gaz toxique au-dessus de la ville de Sarakeb, /Capture d'écran vidéo/REUTERS/Médias sociaux

BEYROUTH (Reuters) - Un groupe humanitaire opérant dans les territoires contrôlés par les rebelles en Syrie a déclaré mardi qu'un hélicoptère avait largué dans la nuit des bonbonnes de gaz toxique au-dessus de la ville de Sarakeb, à proximité de l'endroit où un hélicoptère russe a été abattu quelques heures plus tôt. Un porte-parole de la Protection civile syrienne a affirmé que 33 personnes, des femmes et des enfants pour la plupart, avaient été touchées par le gaz à Sarakeb, une localité de la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Les bénévoles de la Protection civile, qui se sont rendus sur les lieux de l'attaque, suspectent que le gaz utilisé était du chlore mais n'ont pas pu le vérifier. Sur une vidéo de l'association postée sur Youtube, on peut voir des hommes peinant à respirer prendre des masques à oxygène auprès des "casques blancs" de la protection civile. Selon le porte-parole de l'organisation, il s'agirait de la deuxième attaque au gaz toxique à Sarakeb. Le groupe soupçonne également que du gaz chloré a été à l'origine de neuf autres incidents dans la province d'Idlib depuis le début du conflit. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), proche de l'opposition, a également rapporté que des barils d'explosifs étaient tombés sur Sarakeb lundi dans la soirée, blessant de nombreux civils. "Si c'est vérifié, c'est extrêmement grave", a réagi John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, tout en précisant que les Etats-Unis n'étaient pas en mesure de vérifier les accusations de la Protection civile syrienne. La Coalition nationale syrienne (CNS, opposition) a accusé le gouvernement de Bachar al Assad d'avoir mené l'attaque au gaz toxique. Jusqu'à présent, Damas a toujours démenti les incriminations de cette nature. L'agence de presse officielle Sana a par ailleurs affirmé dans la journée que les rebelles avaient tiré des roquettes chargées de gaz toxiques sur un quartier du centre-ville d'Alep tenu par les forces loyalistes, tuant cinq personnes et provoquant des gênes respiratoires chez huit autres personnes. Des enquêteurs de l'Onu ont établi qu'une attaque au gaz sarin avait fait plus d'un millier de morts dans la banlieue de Damas en août 2013. Les pays occidentaux avaient alors accusé le régime de Bachar al Assad, mais le gouvernement comme les forces d'opposition ont toujours nié avoir utilisé des armes chimiques. Le ministère de la Défense russe a annoncé lundi qu'un hélicoptère de transport de l'armée russe avait été abattu à proximité de cette même ville de Sarakeb, tuant ses cinq occupants. L'hélicoptère de transport militaire Mi-8 s'est écrasé après avoir livré, selon le Kremlin, une aide humanitaire vers la ville d'Alep, plus à l'est. Il retournait vers la principale base aérienne russe dans la province côtière de Lattaquié. (Lisa Barrington, Laura Martin et Simon Carraud pour le service français)