Une menace numérique multiforme et en forte hausse en France

La menace numérique, multiforme, est en forte hausse en France, facilitée par un taux de pénétration d'internet qui ne cesse de progresser et atteint 87% et par l'usage des cryptomonnaies par les cybercriminels, lit-on dans un rapport publié mercredi. /Photo d'archives/REUTERS/Steve Marcus

PARIS (Reuters) - La menace numérique, multiforme, est en forte hausse en France, facilitée par un taux de pénétration d'internet qui ne cesse de progresser et atteint 87% et par l'usage des cryptomonnaies par les cybercriminels, lit-on dans un rapport publié mercredi.

Les seuls faits portés à la connaissance de la gendarmerie ont atteint le nombre de 63.500 en 2017, soit une augmentation de 32% par rapport à 2016, dit la Délégation interministérielle aux industries de sécurité et à la lutte contre les cybermenaces (DMISC) dans ce document, le deuxième du genre.

En 2017, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 320.000 victimes d'escroqueries et infractions assimilées, chiffre en augmentation de 5,6% en moyenne par an depuis 2012. Et les cybercriminels attaquent de plus en plus les entreprises, plus "rentables" que les particuliers.

Ainsi, près de 80% des entreprises ont constaté au moins une cyber-attaque en 2017, note le rapport. Selon ses auteurs, le coût estimé d'une violation de sécurité est en moyenne de plusieurs centaines de milliers d'euros pour une société de taille moyenne et le préjudice moyen d'un détournement de données atteint plusieurs millions d'euros pour une entreprise.

Les usages frauduleux de cartes bancaires émises en France lors de ventes à distance sur internet en France représentent par ailleurs 245 millions d'euros par an. "Les attaques informatiques ne constituent plus un simple risque conjoncturel mais sont devenues systémiques", résume le rapport.

Toute une économie souterraine se met en place, avec l'usage croissant des cryptomonnaies par les cybercriminels, la mise à disposition de plateformes de location de "rançongiciels" et la vente de produits illicites comme la drogue sur le "darknet".

La France est également particulièrement touchée par le vol de données personnelles.

Le vecteur numérique reste enfin "au coeur de la stratégie de communication djihadiste", à "des fins de propagande, d'influence ou de déstabilisation", note le rapport.

Ses auteurs recommandent aux autorités françaises, allemandes et britanniques de faire en sorte que les contenus terroristes en ligne puissent être retirés au plus tard une heure après publication, "un enjeu prioritaire" pour renforcer la "capacité collective" à "lutter contre le terrorisme".

Le rapport constate aussi une utilisation accrue des outils de chiffrement et d'anonymisation sur internet, qui "soulèvent des questions techniques, juridiques et opérationnelles dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme et rendent l'accès à la preuve numérique délicat".

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)