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Deux "planques" des djihadistes localisées en France

L'enquête sur les attentats de Paris se poursuit et une maison louée quelques jours avant les attaques à Bobigny (Seine-Saint-Denis) par l'un de leurs auteurs a été perquisitionnée, sans saisie significative. /Photo prise le 14 novembre 2015/REUTERS/Pascal Rossignol

par Chine Labbé PARIS (Reuters) - Deux "planques" utilisées par les auteurs des attentats qui ont fait 129 morts vendredi à Paris et Saint-Denis ont été localisées en Ile-de-France par les enquêteurs français, a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Une maison louée à Bobigny (Seine-Saint-Denis) la semaine dernière par Brahim Abdeslam, un Français de 31 ans résidant en Belgique et identifié comme l'auteur de l'attentat suicide contre le Comptoir Voltaire dans le 11e arrondissement de Paris, a été perquisitionnée lundi, a-t-on précisé. Seuls des téléphones "encore emballés" et un morceau de tissu, qui est en cours d'analyse, y ont été saisis, a-t-on toutefois indiqué. Deux chambres dans un appart-hôtel ont par ailleurs été louées à Alfortville (Val-de-Marne) par Salah Abdeslam, l'un des auteurs présumés des attaques aujourd'hui activement recherché en France et en Belgique, a-t-on ajouté, confirmant une information du Point. Ces deux chambres ont été perquisitionnées dimanche, mais sans saisie significative, a-t-on indiqué. Aucune autre "planque" n'a été identifiée à ce stade, souligne cette source proche du dossier. D'après iTELE, c'est dans la maison de Bobigny que les attaquants auraient confectionné leurs explosifs. La propriétaire de cette maison, louée à trois hommes pour une semaine, jusqu'à ce mardi, s'est dite choquée mardi. "Ils n'ont rien laissé apparaître, c'est des gens sympas, corrects, bien habillés", a-t-elle déclaré sur BFM TV. NEUF GARDES À VUE EN COURS Autre progrès de l'enquête, une Renault Clio noire avec une plaque d'immatriculation belge a été retrouvée mardi dans le 18e arrondissement de Paris, a-t-on appris de source policière. Un périmètre de sécurité a été mis en place dans le quartier et des analyses sont en cours. Mais aucune arme n'a été retrouvée dans l'habitacle, dit une source judiciaire. Arrivé de Belgique par l'autoroute A1 quelques jours avant les attentats, ce véhicule était recherché par la police, a-t-on précisé. D'après une source proche du dossier, il avait été loué par Salah Abdeslam, et il a pu être utilisé par l'un des commandos de Paris et Saint-Denis. Les enquêteurs cherchent par ailleurs à déterminer les moyens de communication utilisés par les djihadistes pour coordonner et préparer leurs attaques, en vérifiant s'ils n'ont pas eu recours à des moyens cryptés. Les enquêteurs soupçonnent Abdelhamid Abaaoud, Belge d'origine marocaine de 27 ans, d'être le cerveau des attentats, selon une source proche du dossier. Neuf personnes étaient toujours en garde à vue mardi soir dans l'entourage de deux des auteurs des attaques, les Français Ismaël Omar Mostefaï et Samy Amimour, morts dans la salle de concert du Bataclan, a-t-on appris de source judiciaire. Le père, la mère et la soeur de Samy Amimour sont en garde à vue, ainsi que six personnes dans l'entourage d'Ismaël Omar Mostefaï. Sa soeur de 15 ans a été relâchée lundi en raison de son jeune âge, a-t-on appris de source proche de l'enquête. Salah Abdeslam, un homme de 26 ans qualifié de "dangereux" par la police, est toujours recherché, ainsi que d'autres potentiels complices. "On est en train de déterminer combien ils peuvent être", a dit à Reuters une source proche du dossier. "Rien n'est exclu. C'est une hypothèse très forte qu'il y en ait un de plus, mais il peut y en avoir encore plus", a-t-elle ajouté. SALAH ABDESLAM TOUJOURS EN FUITE L'Etat islamique a évoqué huit assaillants dans sa revendication des attaques. Sept djihadistes sont morts, parmi lesquels cinq ont été formellement identifiés. Deux suspects ont été inculpés en Belgique. D'après leurs avocats, ils sont allés chercher Salah Abdeslam en France après que celui-ci les a appelés car sa voiture était tombée en panne. Il était à leurs côtés samedi matin quand il a fait l'objet d'un contrôle routier à la frontière belge, avant d'être laissé libre, son nom n'étant pas encore apparu dans l'enquête. "Nous ne savons absolument pas où (il) se trouve aujourd'hui", a déclaré mardi sur BFM TV son frère Mohamed, 29 ans, brièvement placé en garde à vue en Belgique. "Le mieux (...), ce serait qu'il se rende pour que la justice puisse faire toute la lumière", a-t-il ajouté, le qualifiant de "pratiquant" mais affirmant ne pas s'être rendu compte de sa radicalisation. Selon une source judiciaire, Salah Abdeslam a loué la Polo qui a transporté les assaillants du Bataclan. Mais il est trop tôt pour déterminer son rôle dans les attaques, indique une source proche du dossier. Ce Français né en Belgique est entré en Autriche en provenance d'Allemagne le 9 septembre dernier, a déclaré mardi le ministère autrichien de l'Intérieur. Il était accompagné "de deux hommes dont les noms ne sont pas encore apparus dans l'enquête sur les attentats terroristes", précise le ministère dans un communiqué. (avec Nicolas Bertin à Paris et les bureaux de Vienne et Bruxelles, édité par Yves Clarisse)