Médiation de l'UA au Gabon, l'UE parle d'anomalies lors du vote

L'Union africaine a annoncé mardi son intention d'envoyer une délégation pour aider à résoudre la crise au Gabon où le président sortant Ali Bongo et son opposant Jean Ping revendiquent tous deux la victoire à l'élection présidentielle du 27 août. /Photo d'archives/REUTERS/Jonathan Ernst

ADDIS-ABEBA (Reuters) - L'Union africaine a annoncé mardi son intention d'envoyer une délégation pour aider à résoudre la crise au Gabon où le président sortant Ali Bongo et son opposant Jean Ping revendiquent tous deux la victoire à l'élection présidentielle du 27 août. Parallèlement, la mission de l'Union européenne chargée d'observer le scrutin a déclaré mardi avoir découvert des anomalies dans les résultats de la province du Haut-Ogooué, dans le sud-est du pays, où le président Ali Bongo a remporté 95,46% des suffrages. Les résultats officiels publiés mercredi dernier ont donné une très courte victoire à Ali Bongo, reconduisant le chef de l'Etat pour un nouveau mandat de sept ans. Après ces résultats officiels, des émeutes ont éclaté dans le pays la semaine dernière, faisant six morts, selon un bilan officiel. Dans ce contexte, l'UA s'est proposée mardi pour une médiation. "C'est une question urgente et je pense que la délégation de haut niveau sera envoyée très bientôt", a déclaré Jacob Enoh Eben, porte-parole de l'UA. Ce sera vraisemblablement le président tchadien Idriss Déby, qui assure actuellement la présidence de l'UA, qui dirigera les discussions, a ajouté le porte-parole. "Nous acceptons toutes les médiations parce que nous voulons que la démocratie et la paix triomphent", a déclaré Jean Ping à la chaîne de télévision France 24. Ancien diplomate et président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping estime que 50 à 100 personnes ont trouvé la mort depuis la semaine dernière, un bilan qui n'a pour l'heure pas pu être vérifié de manière indépendante. Malgré les appels à la grève générale, le calme semblait être revenu mardi à Libreville où les commerces ont rouvert tandis que les fonctionnaires regagnaient leurs postes de travail. Les autorités gabonaises refusent pour l'instant de recompter les bulletins de vote comme le suggèrent les autorités occidentales et comme l'exige l'opposition. L'opposition peut intenter un recours via la cour constitutionnelle, mais elle n'a pas encore indiqué clairement son intention de le faire. Le Premier ministre français, Manuel Valls, s'est exprimé mardi sur cette question, estimant à son tour qu'il serait sage d'organiser un nouveau décompte. Il a également demandé à Libreville de retrouver une quinzaine de ressortissants français dont Paris est sans nouvelle. (Aaron Maasho; Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)