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Une décision sur Notre-Dame-des-Landes semble imminente

A La Rolandière dans la la zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)/ Les préparatifs liés à l'évacuation de la ZAD semblent s'accélérer, avec l'arrivée mardi de forces de sécurité dans les régions de Nantes et de Rennes. /Photo prise le 9 janvier 2018/REUTERS/Stéphane Mahé

PARIS (Reuters) - Les préparatifs liés à l'évacuation de la zone à défendre (ZAD)de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) semblent s'accélérer, avec l'arrivée mardi de forces de sécurité dans les régions de Nantes et de Rennes, a rapporté Ouest-France.

D'après le quotidien régional, des centaines de CRS ont commencé à arriver, laissant présager l'imminence d'une intervention dans la zone occupée par des opposants à la construction d'un nouvel aéroport dans la banlieue nantaise, objet de controverse depuis les années 1960.

"Pour faire face à la décision sur la construction ou non de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la mobilisation des forces de police a commencé autour de Nantes et Rennes", écrit le quotidien, selon lequel "des hôtels ont d'ores et déjà été réservés pour héberger les forces de police, entre la semaine prochaine et le 15 février."

Reuters n'a pas été en mesure de confirmer indépendamment ces informations auprès des autorités.

Le site de Notre-Dame-des-Landes sera évacué au moins des "éléments les plus radicaux" quel que soit l'avenir du projet aéroportuaire aujourd'hui en suspens, a déclaré pour sa part mardi le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb.

Des militants anticapitalistes occupent depuis 2009 la ZAD pour s'opposer à la construction de cet aéroport controversé.

"Elle sera en tout cas évacuée des éléments les plus radicaux mais, ce que nous voulons, c'est lui donner surtout un autre avenir et il y a toute une série de gens qui ont des projets sur la ZAD, donc qui sont prêts le cas échéant à pouvoir faire autre chose", a dit Gérard Collomb sur France 2.

Devant la presse à l'Assemblée nationale, le député de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a quant à lui lancé un "cri d'alerte" face à l'éventualité de violences.

"Le pouvoir se dirigerait vers une extension des capacités de l'actuel aéroport de Nantes. Si c'est le cas, nous nous en réjouissons mais il ne faudrait pas que, parce qu'ils se sentiraient désavoués, humiliés, l'Etat et les collectivités locales veuillent créer une bataille annexe pour pouvoir la gagner", a-t-il déclaré.

PHILIPPE ANTICIPE "DES CRISPATIONS"

Le gouvernement, qui a reçu le mois dernier un rapport sur la question, s'est donné jusqu'à fin janvier pour prendre une décision sur la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, validée par un référendum local et 179 décisions de justice mais aussi fortement contestée.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, s'est rendu sur place samedi dernier et a conduit une série d'ultimes consultations. Une centaine personnes ont été entendues sur le sujet pendant un total de 107 heures depuis le 1er janvier, selon un décompte fait mardi par le président du groupe La République en marche (LaRem) à l'Assemblée.

"C'est la quintessence de la décision politique : le Premier ministre a tous les paramètres sur la table", a déclaré Richard Ferrand lors d'une conférence de presse.

"La question est : 'quelle est la bonne décision, la décision juste pour l'intérêt général'", a résumé le député breton, lui-même favorable à la construction de l'aéroport, comme une majorité d'élus de la région.

Selon l'un des participants à la réunion de groupe qui s'est tenue dans la matinée, Edouard Philippe n'a pas caché aux députés de la majorité la difficulté de la situation. "Nous allons prendre une décision qui entraînera naturellement des crispations, quelle que soit l'option retenue", a-t-il dit.

Un abandon du projet aurait notamment des conséquences financières.

Vinci a signé fin 2010 un contrat de 55 ans couvrant l'exploitation des aéroports existants Nantes Atlantique et Saint-Nazaire Montoir, la construction du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le transfert vers celui-ci de la plate-forme de Nantes Atlantique.

Si l'Etat venait à abandonner le projet Notre-Dame-des-Landes, l'ensemble du contrat signé avec Vinci devrait être renégocié. L'un des trois médiateurs nommés par le gouvernement sur le sujet estimait fin décembre dans les colonnes du Monde que l'indemnisation du concessionnaire pourrait aller jusqu'à 350 millions d'euros.

(Elizabeth Pineau, avec Simon Carraud et Emile Picy, édité par Yves Clarisse)