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Une convention démocrate sur fond de tension à Philadelphie

Le Parti démocrate américain a affiché ses divisions lundi lors de l'ouverture de sa convention à Philadelphie. Le sénateur du Vermont Bernie Sanders peine à contrôler ses partisans, qui refusent de soutenir Hillary Clinton. /Photo prise le 25 juillet 2016/REUTERS/Jim Young

par John Whitesides et Luciana Lopez PHILADELPHIE, Pennsylvanie (Reuters) - Le Parti démocrate américain aaffiché ses divisions lundi lors de l'ouverture de sa convention où seule Michelle Obama a réussi à soulever l'enthousiasme, à l'heure où le sénateur du Vermont Bernie Sanders peine à contrôler ses partisans, qui refusent à grands cris de soutenir Hillary Clinton. "Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis", a dit le sénateur du Vermont face à des défenseurs remontés, qui ont hué jusqu'à la seule mention de l'ex-secrétaire d'Etat. "Hillary Clinton fera une présidente remarquable et je suis fier de me tenir à ses côtés", a-t-il ajouté dans un discours que pro-Sanders et pro-Clinton ont parfois couvert de chahuts concurrents. Au terme de quatre jours de réunion, la convention démocrate doit adouber l'ex-secrétaire d'Etat pour l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis. Les troubles de lundi laissent craindre que la conquête des électeurs de Sanders par Clinton sera difficile, sinon compromise. Dans un courriel aux délégués, le sénateur du Vermont les avait invités lundi après-midi à plus de tenue, consigne peu respectée. "Notre crédibilité en tant que mouvement sera ternie par des huées, les dos tournés, les sorties de la salle et autres démonstrations. C'est ce que veulent les médias. C'est ce que veut Donald Trump", avait-t-il dit. Dans un discours qui a suscité plus d'unité, la Première dame des Etats-Unis, Michelle Obama a volé la vedette au sénateur du Vermont et semblé renouveler l'enthousiasme des démocrates. Evoquant la manière dont elle éduque ses filles, Sasha et Malia, elle a résumé sa posture face à la campagne de Donald Trump, qui met en cause régulièrement Barack Obama, et le dit musulman. "Quand quelqu'un est cruel ou se comporte comme une brute, on ne s'abaisse pas à son niveau. Non, notre devise, c'est : 'quand ils visent bas, nous visons plus haut'", a dit la Première dame. Reprenant le slogan du candidat républicain, de "rendre l'Amérique grande à nouveau", Michelle Obama l'a déconstruit mot pour mot: "Ne laissez personnes vous dire que ce pays n'est pas grand, que nous devons d'une certaine manière le rendre grand à nouveau, car ici, maintenant, c'est le plus grand pays sur terre", a-t-elle dit. "Il n'y a qu'une personne dont je pense qu'elle soit vraiment qualifiée pour être présidente des Etats-Unis, et il s'agit de notre amie Hillary Clinton" a-t-elle poursuivi avant de défendre une candidate démocrate "qui ne cède jamais à la pression" EXCUSES SINCÈRES La divulgation par Wikileaks de 19.000 courriels suggérant que le Comité national démocrate (CND) a cherché à saborder la campagne Sanders a mis à mal le front uni que souhaitaient présenter les dirigeants du parti pour mieux contrer la campagne accidentée du candidat républicain Donald Trump. L'instance dirigeante du parti a présenté ses excuses à Bernie Sanders après la publication par Wikileaks de courriels du CND questionnant notamment son athéisme et évoquant sa judaïté. "Au nom de tout le monde au CND, nous voulons présenter au sénateur Sanders nos profondes et sincères excuses pour les remarques impardonnables faites par courriel", a dit lundi le CND dans un communiqué. Battu lors de la primaire démocrate par l'ex-secrétaire d'Etat, Bernie Sanders a dénoncé à plusieurs reprises les oppositions du parti dont il aurait fait l'objet. Investi la semaine dernière à Cleveland dans l'Ohio par le Parti républicain, Donald Trump a pratiquement refait son retard sur sa rivale démocrate dans les intentions de vote selon le dernier sondage Reuters/Ipsos. Un sondage CNN/ORC lui donne même trois points d'avance, à 48% contre 45%. UNE PISTE RUSSE ? Le sénateur du Vermont a contribué lui-même au malaise de lundi en réclamant et obtenant dimanche la démission de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, après la publication des courriels incriminants. Debbie Wasserman Schultz, qui s'exprimait lundi quelques heures avant l'ouverture officielle de la convention devant des délégués de son Etat, la Floride, s'est fait huer. La présidente démissionnaire du Comité national démocrate a annoncé par la suite qu'elle renonçait à prononcer le discours d'ouverture de la convention. Les partisans de Sanders, plus jeunes et plus marqués à gauche que ceux de Clinton, ont accueilli avec amertume ces courriels qui donnent du crédit aux accusations formées par leur champion pendant la primaire. Ils étaient déjà déçus que Clinton ait choisi comme colistier le sénateur modéré de Virginie Tim Kaine plutôt qu'Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts et figure de la gauche du parti. Le FBI a annoncé lundi qu'il enquêterait sur le piratage qui a conduit à la publication de ces courriels. L'équipe de campagne de Clinton s'est publiquement interrogée sur une possible piste russe, notant que Trump avait eu des mots élogieux à l'égard de Vladimir Poutine et que Moscou pourrait avoir intérêt à favoriser son élection. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a démenti ces accusations en marge d'une réunion avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry mardi au Laos. "Je ne veux pas utiliser de gros mot", a-t-il dit à des journalistes qui l'interrogeaient sur la responsabilité russe dans le piratage des courriels. (avec Jonathan Allen, Amy Tennery, Alana Wise, Erik Tavcar et Doina Chiacu; Henri-Pierre André et Julie Carriat pour le service français)