Une clef USB au coeur de l'enquête sur la tuerie de Magnanville

PARIS (Reuters) - Les enquêteurs s'interrogent sur une clef USB contenant les identités de nombreux fonctionnaires de police retrouvée chez une jeune femme placée lundi en garde à vue avec cinq autres personnes dans le cadre des investigations sur l'assassinat d'un couple de policiers, dit-on de sources proches de l'enquête.

L'assassinat de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, le 13 juin 2016 à Magnanville, dans les Yvelines, avait été revendiqué par le groupe Etat islamique.

Parmi les cinq personnes interpellées lundi par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire dans les Yvelines figurent une fonctionnaire de police, ancienne déléguée départementale du syndicat Alliance, et sa fille, soupçonnée de contacts avec les milieux islamistes radicaux.

La policière avait été l'objet en 2016 d'investigations de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour avoir hébergé à la demande de sa fille une jeune femme fichée "S" pour radicalisation islamiste.

Cette dernière, Mina B., en détention provisoire depuis octobre 2017, a déjà été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste pour avoir aidé une candidate au départ en zone syro-irakienne, dit-on de source proche de l'enquête.

Cette procédure, distincte de l'enquête sur le double assassinat de Magnanville, a permis la découverte en octobre 2017 parmi ses affaires, lors d'une perquisition, de la fameuse clef USB, précise-t-on de même source.

2.600 POLICIERS DANS LA CLEF USB ?

Selon l'hebdomadaire Le Point, qui a révélé le premier cette information sur son site internet, ce fichier contiendrait une liste de quelque 2.600 policiers, en particulier des agents des services de renseignements, éléments qui n'ont pas à ce stade été confirmés de source indépendante.

La jeune femme a été extraite lundi de son lieu de détention pour être mise en garde à vue, comme les cinq autres personnes.

En 2016 l'IGPN n'avait finalement rien trouvé à reprocher à la fonctionnaire de police mais elle avait dû renoncer à sa fonction syndicale au sein d'Alliance.

Aujourd'hui, les investigations visent à préciser le rôle que cette policière et les cinq autres personnes en garde à vue ont pu respectivement jouer dans l'affaire de Magnanville, dit-on de source proche de l'enquête.

L'une des six gardes à vue de lundi a été levée mardi, a-t-on appris de source judiciaire.

A ce jour, trois hommes ont été mis en examen dans ce dossier, dont deux pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, Charaf-Din Aberouz et Saad Rajraji.

Le troisième, Mohamed Lamine Aberouz, est le frère du premier. Il a été mis en examen en décembre 2017 pour complicité d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, participation à une association de malfaiteurs terroriste et complicité de séquestration d'un mineur de moins de 15 ans.

Son profil génétique a été mis en évidence sur l'ordinateur portable des victimes utilisé par l'assassin présumé, Larossi Abballa, pour revendiquer ce double assassinat.

L'enfant de trois ans de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider avait été retrouvé indemne à l'issue de l'assaut du Raid lors duquel Larossi Abballa a été abattu.

(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse et Simon Carraud)