Une base syrienne visée par des missiles, Moscou accuse Israël

AMMAN (Reuters) - Plusieurs missiles ont frappé tôt lundi matin une base aérienne de l'armée syrienne dans le gouvernorat de Homs, rapporte la télévision d'Etat syrienne au surlendemain d'une attaque chimique présumée contre la ville rebelle de Douma, dans la Ghouta orientale.

La Russie a attribué la responsabilité de ce raid à Israël. Le ministère russe de la Défense a déclaré que deux avions de combat F-15 israéliens avaient tiré huit missiles sur la base à partir de l'espace aérien libanais. Cinq des huit missiles ont été abattus par la défense anti-aérienne syrienne, a précisé le ministère.

La Syrie a formulé peu après les mêmes accusations, après avoir dans un premier temps pointé du doigt les Etats-Unis, qui ont démenti toute implication.

L'Etat hébreu n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat.

Selon la télévision de Damas, l'attaque a visé la base de Tiyas, également appelée T-4, entre les villes de Homs et Palmyre, dans le centre du pays, et elle a fait plusieurs morts et blessés.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a rapporté qu'au moins 14 personnes avaient été tuées par ces frappes, dont plusieurs combattants de diverses nationalités, allusion aux membres des milices chiites soutenues par l'Iran et alliées au régime de Bachar al Assad, qui viennent principalement d'Irak, d'Iran et du Liban.

L'agence de presse iranienne Fars a porté à quatre le nombre de "défenseurs de sanctuaires" iraniens tués dans l'attaque menée par "les avions du régime sioniste" contre la base aérienne en Syrie. Le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné l'attaque, parlant d'une "violation flagrante du droit international" de nature à compliquer la crise syrienne et les équations régionales.

Située dans une zone désertique stratégique, proche des principaux gisements gaziers syriens, la base T-4 est utilisée par la force Al Qods, l'unité d'élite des Gardiens de la révolution iraniens, alliés de Damas dans la guerre civile syrienne. Elle abrite aussi d'importantes forces russes.

Israël a pris pour cible à de nombreuses reprises des sites militaires syriens depuis le début du conflit en 2011, visant le Hezbollah et d'autres milices soutenues par l'Iran.

Selon l'Etat hébreu, la base T-4 avait été utilisée pour tirer un drone iranien en direction du territoire israélien en février dernier. L'incident avait alors entraîné une brusque montée de tension entre Israël et l'Iran.

D'après l'OSDH, la base T-4 avait été l'une des cibles des raids de représailles menés à l'époque par l'aviation israélienne après la perte d'un F-16.

ENTRETIEN TRUMP-MACRON

A Washington, le Pentagone a assuré que les Etats-Unis "ne mènent pas de frappes aériennes en Syrie pour le moment".

"Cependant, nous continuons à surveiller étroitement la situation et à soutenir les efforts diplomatiques en cours pour que ceux qui utilisent des armes chimiques, en Syrie ou ailleurs, rendent des comptes", a ajouté le Pentagone.

Le ministère français des Armées a également assuré que la France n'avait effectué aucun raid aérien en Syrie dans la nuit de dimanche à lundi.

Le président Donald Trump a promis dimanche de faire payer "le prix fort" au régime de Bachar al Assad pour le bombardement chimique présumé qui a fait plusieurs dizaines de morts samedi soir à Douma, selon des ONG et des secouristes.

Damas a nié tout recours à des armes chimiques de la part de ses forces et la Russie parlé d'informations fabriquées de toutes pièces.

La France a par le passé menacé la Syrie de représailles en cas de nouvelle attaque chimique avérée, le président Emmanuel Macron parlant à ce sujet de "ligne rouge".

Emmanuel Macron et Donald Trump se sont entretenus dimanche soir au téléphone pour discuter de la situation en Syrie, ont annoncé l'Elysée et la Maison blanche.

Selon la présidence française, les deux dirigeants se sont entendus pour "coordonner leurs actions et leurs initiatives au sein du Conseil de sécurité des Nations unies", qui doit se réunir lundi après-midi à New York.

Ils sont aussi convenus de la nécessité d'une "réponse forte", a fait savoir la Maison blanche.

Les deux présidents se reparleront dans les 48 heures, précise le communiqué de l'Elysée.

Il y a un an, l'armée américaine avait tiré des missiles de croisière Tomahawk contre une base aérienne syrienne après un bombardement au gaz sarin imputé aux forces gouvernementales à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie.

(Nayera Abdallah, Suleiman Al-Khalidi, Ellen Francis, Maria Kiselyova, Dan Williams, John Irish, Matt Spetalnick; Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)