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Un sommet pour renforcer la zone euro troublé par le Brexit

Les chefs d'Etat et de gouvernement européens doivent entériner jeudi et vendredi un renforcement de la zone euro, plus timide qu'espéré par plusieurs grands acteurs, et se pencher une nouvelle fois sur le Brexit. /Photo prise le 20 juin 2018/REUTERS/Yves Herman

BRUXELLES (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement européens doivent entériner jeudi et vendredi un renforcement de la zone euro, plus timide qu'espéré par plusieurs grands acteurs, et se pencher une nouvelle fois sur le Brexit.

Les dirigeants travailleront aussi sur le prochain budget de l'UE, qui couvrira la période 2021-2027, avec désormais l'objectif de parvenir à un accord à l'automne prochain, sur le marché unique, le climat et les migrations.

Selon le projet de communiqué sur la zone euro obtenu par Reuters, ils ne retiendront pas la proposition visant à ce que le futur budget de la zone euro puisse être utilisé à des fins de stabilisation économique.

Les dirigeants devraient ainsi demander aux ministres des Finances de la zone euro "de travailler à la conception, aux conditions, à la mise en oeuvre et au calendrier d'un instrument budgétaire pour la convergence et la compétitivité".

Principal promoteur de ce budget, le président français, Emmanuel Macron, a été contraint de réfréner ses ambitions. Le projet de communiqué constitue aussi un revers pour le ministre des Finances allemand, Olaf Scholz, qui plaidait pour un rôle stabilisateur à travers un dispositif d'assurance chômage.

La Commission européenne aurait également souhaité que le budget puisse stabiliser les dépenses d'investissement de la zone euro en période de crise et le Mécanisme européen de stabilité (MES) souhaitait qu'il soit possible de prêter aux Etats qui seraient en difficulté.

Mais, selon des hauts fonctionnaires européens, les Pays-Bas, appuyés par plusieurs pays du nord de l'Europe et les conservateurs allemands, ont opposé une résistance farouche.

Autre déception pour les partisans d'avancées rapides, le système espéré de garantie commune des dépôts bancaires en zone euro, dernier pilier d'une future union bancaire, n'est pas mentionné dans le projet de communiqué.

Là encore, les pays du nord de l'Europe bloquent, craignant d'être entraînés à devoir rembourser des dépôts italiens, grecs ou portugais, pays dont les systèmes bancaires sont fragiles.

LE BREXIT INVITÉ SURPRISE

Après avoir reporté le vote qu'elle redoutait de perdre sur l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'UE à la Chambre des communes, la Première ministre britannique, Theresa May, qui a échappé mercredi soir à un vote de défiance organisé au sein du Parti conservateur, a annoncé qu'elle reviendrait devant les Vingt-Sept pour demander des assurances.

Les dirigeants européens sont prêts à le faire, à condition que ces assurances ne contredisent pas le projet d'accord durement négocié avec le Royaume-Uni, a déclaré un haut responsable européen impliqué dans les préparatifs du sommet.

Les dirigeants de l'UE publieront jeudi soir une déclaration officielle sur le Brexit, après avoir entendu Theresa May, a annoncé mercredi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Dans une lettre aux dirigeants européen, il précise que Theresa May rendra compte à ses partenaires de l'évolution de la situation, jeudi avant le dîner, et qu'elle quittera la réunion après le dîner pour les laisser "adopter des conclusions".

Les Vingt-Sept pourraient apporter des clarifications sur les modalités d'application de l'accord, notamment sur la délicate question de la "clause de sauvegarde" qui vise à prévenir le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande, dit-on de source diplomatique.

Les préparatifs en cas de Brexit sans accord seront également discutés, ajoute Donald Tusk.

Autre possible invité surprise des rencontres jeudi et vendredi, la question du respect des règles budgétaires en zone euro, dans un moment de tension entre l'Italie et la Commission européenne et quelques jours après l'annonce par la France de mesures qui feront déraper sa trajectoire.

Si ses partenaires l'interrogent, Emmanuel Macron expliquera qu'il était nécessaire de prendre des mesures d'urgence pour être en capacité de poursuivre les réformes, a dit mercredi une source à la présidence française.

"Le cap réformateur n’est pas remis en cause, il aurait été bloqué si on avait eu un blocage durable de la société française", a-t-elle déclaré.

(Francesco Guarascio, Alastair Macdonald et Jan Strupczewski, avec Jean-Baptiste Vey à Paris)