Un sommet, des manoeuvres soulignent la force de l'axe Moscou-Pékin

Le président chinois Xi Jinping a insisté mardi sur l'importance des relations entre Pékin et Moscou. Les relations entre la Russie et la Chine sont fondées sur la confiance aussi bien en politique qu'en matière de sécurité et de défense, a pour sa part déclaré Vladimir Poutine. /Photo prise le 11 septembre 2018/Alexander Ryumin/REUTERS/TASS

par Katya Golubkova et Denis Pinchuk

VLADIVOSTOK, Russie (Reuters) - Le président chinois Xi Jinping, dont les relations se sont tendues avec son homologue américain Donald Trump, a insisté mardi sur l'importance des relations entre Pékin et Moscou lors d'un sommet sino-russe en Russie.

Parallèlement, les armées chinoises et russes entamaient des manoeuvres militaires conjointes d'une ampleur sans précédent, à la frontière entre les deux pays.

Les relations entre Moscou et Pékin ont longtemps été marquées par une méfiance mutuelle, les nationalistes russes soulignant l'influence croissante de la Chine dans l'Est russe, riche en minéraux.

Mais la Russie s'est tournée vers la Chine après les sanctions que lui ont infligées les pays occidentaux après son annexion de la Crimée en mars 2014. Les relations commerciales entre les deux pays, qui partagent une frontière terrestre de plus de 4.200 km, se sont fortement développées depuis.

"L'imprévisibilité du climat géopolitique rend le partenariat Russie-Chine encore plus important", a déclaré Xi Jinping lors d'une conférence de presse tenue à Vladivostok avec son homologue russe Vladimir Poutine à l'issue du sommet entre les deux dirigeants.

Pékin et Moscou doivent travailler ensemble pour s'opposer au protectionnisme et à l'"approche unilatérale" des problèmes internationaux, a ajouté le numéro un chinois, sans pour autant mentionner Washington qui, sous la présidence de Donald Trump, dénonce les accords multilatéraux conclus par les Etats-Unis pour les remplacer par des accords bilatéraux.

La Chine, dont l'excédent commercial avec les Etats-Unis s'est creusé au mois d'août, est engluée depuis quelques mois dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis. Les deux pays s'infligent mutuellement des droits de douane sur un nombre de plus en plus élevé de produits.

Pas plus tard que vendredi, Donald Trump s'est dit prêt à taxer 267 milliards de dollars (230 milliards d'euros) d'importations chinoises en plus de celles de 200 milliards sur lesquelles il doit se prononcer prochainement.

La Chine a fait savoir mardi qu'elle demanderait la semaine prochaine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) l'autorisation d'imposer des sanctions aux Etats-Unis.

Les relations entre la Russie et la Chine sont fondées sur la confiance aussi bien en politique qu'en matière de sécurité et de défense, a pour sa part déclaré Vladimir Poutine.

COLONNES DE CHARS

En ce qui concerne la situation nucléaire dans la péninsule coréenne, Vladimir Poutine a estimé "vital" que les États-Unis et la Corée du Nord normalisent leurs relations.

La Maison blanche a déclaré lundi que Donald Trump avait reçu une lettre du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un lui proposant une nouvelle rencontre au sommet après celle de Singapour le 12 juin dernier.

La Russe Valentina Matvienko, qui préside le Conseil de la Fédération de Russie, la chambre haute du parlement russe, a rencontré samedi le dirigeant nord-coréen à Pyongyang. Elle a déclaré que Kim Jong-un ne prévoyait pas de mesure unilatérale de dénucléarisation et attendait à la place une réponse américaine aux mesures déjà prises.

La Russie a entamé mardi ses manoeuvres militaires les plus importantes depuis la chute de l'Union soviétique. Quelque 300.000 hommes y participent ainsi qu'un millier d'avions militaires, deux flottes navales russes et toutes les unités aéroportées russes.

Le ministère russe de la Défense a diffusé mardi des images de camions militaires transportés dans des trains, des colonnes de chars, des véhicules blindés et des navires de guerre en mouvement, ainsi que des hélicoptères et des avions de combat.

Cette activité fait partie de la première étape de l'exercice, qui se termine le 17 septembre, indique le ministère dans un communiqué. Il s'agit de déployer des forces supplémentaires dans l'extrême-orient russe et de procéder à un regroupement naval impliquant ses flottes du Nord et du Pacifique.

Certains experts voient les jeux de guerre comme un message à Washington, avec lequel Moscou et Pékin ont tendu leurs liens.

"Avec ses manœuvres Vostok-2018, la Russie envoie un message indiquant qu'elle considère les Etats-Unis comme un ennemi potentiel et la Chine comme un allié potentiel", écrit Dmitri Trénine, ancien colonel de l'armée russe et directeur du groupe d'études Carnegie Moscow Center.

"La Chine, en envoyant des éléments de son armée pour s'entraîner avec les Russes, signale que la pression américaine le pousse à une coopération militaire beaucoup plus étroite avec Moscou".

(Avec Andrew Osborn; Danielle Rouquié pour le service français)