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Un religieux saoudien lance une fatwa contre les jeux d’échecs

Le Grand Mufti d’Arabie Saoudite a décidé d’interdire les échecs dans l’Islam, les accusant d’être « une perte de temps » et d’être basé sur des paris.

Malgré la fatwa, les Saoudiens pourront certainement continuer à jouer aux échecs.

Les échecs ne seraient-ils plus les bienvenus en Arabie Saoudite ? Le Cheikh Abdulazziz Bin Abdullah, ou grand Mufti wahhabite, c’est-à-dire le plus haut dignitaire religieux sunnite du pays, a interdit les échecs cette semaine lors de son émission télévisée hebdomadaire. "Ils sont basés sur des paris, sont une perte de temps et d’argent et créent une haine et une inimitié entre les joueurs" a t-il déclaré, en réponse à la question d’un spectateur. Le Cheikh a justifié sa décision en citant le verset du Coran qui bannit les jeux de hasard. 

Toutefois, les échecs ne seront pas réellement interdits en Arabie Saoudite. Bien qu’elles soient respectées, les déclarations du Cheikh ne font pas office de loi. C’est en tout cas ce qu’a confirmé le président du comité des lois à l’Association saoudienne d’échecs, Musa Bien Thaily, sur Twitter : "Nous n’avons pas à prendre ces déclarations télévisées comme des actes légaux."

Nigel Short, le grand maître britannique des échecs, a confié à la BBC que l’interdiction du jeu en Arabie Saoudite serait "une grande tragédie". "Je ne considère pas les échecs comme une menace pour notre société. Même l’Ayatollah Khomeini a conclu que ça allait trop loin et a ôté sa propre interdiction" a-t-il ajouté.

Certains érudits musulmans restent nuancés sur la fatwa du Cheikh Abdulazziz Bin Abdullah. En effet, si les origines du jeu restent imprécises (on imagine qu’il est né en Asie), il est néanmoins sûr et certain qu’après sa conception, le Moyen-Orient en est devenu friand et a développé le jeu ! C’est au cours du Xème siècle, lors des conquêtes arabes, que les échecs ont été introduits en Europe du Sud. 

Déjà interdit en Irak et en Iran

En Irak, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, qui régit l’autorité religieuse chiite, avait déjà interdit les échecs dans son pays en 2005. L’Iran a également prohibé les échecs en public après la révolution de 1979, sous prétexte que ce jeu était – encore une fois – associé aux paris. En 1988, le leader suprême d’Iran, l’Ayatollah Ruhollah Khomeini, a finalement ôté l’interdiction, à la condition que le jeu soit pratiqué sans paris. Aujourd’hui, l’Iran envoie régulièrement ses meilleurs joueurs participer aux plus grands tournois d’échecs !

Des fatwas contre les Pokémon et les vuvuzela

Ce n’est pas la première fois que les autorités religieuses appliquent des interdictions surprenantes. Au début des années 2000, l’Arabie Saoudite avait lancé une fatwa contre les jeux Pokémon. En 2010, lors de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, c’était au tour de l’horripilant vuvuzela d’être interdit par les Emirats Arabes Unis. En 2015, c’était au tour des bonhommes de neige d’être illégaux en Arabie Saoudite.