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Un rapport dénonce l'usage de gaz contre les migrants à Calais

PARIS (Reuters) - Les migrants de Calais sont très régulièrement victimes de violences de la part des autorités françaises, a alerté mercredi Human Rights Watch (HRW) dans un rapport jugé "calomnieux" par les autorités locales, qui réfutent ces "allégations". Entre 400 et 500 exilés vivent à Calais en espérant passer au Royaume-Uni, selon l'organisation qui a intitulé son rapport "C'est comme vivre en enfer". Ils étaient 8.000 au moment du démantèlement du camp dit de la "jungle", en octobre 2016. "Presque tous les demandeurs d'asile et migrants interrogés par HRW ont parlé d'un usage fréquent de sprays au poivre par les policiers - en général des CRS - dans des circonstances montrant que l'usage de la force est excessif et disproportionné, en violation des normes internationales", avance l'association. Selon l'enquête, la police asperge presque quotidiennement les migrants, parfois quand ils dorment, ainsi que leur nourriture, l'eau ou encore les couvertures et les vêtements. "Cet usage répété et abusif de sprays au poivre (...) ne semble avoir d'autre objectif que de harceler les migrants, probablement dans le but de les pousser à quitter Calais", ajoute le rapport. Certains travailleurs humanitaires interrogés par HRW font état de violences à leur encontre. Selon l'ONG, les policiers auraient aussi pour habitude de confisquer les chaussures et les vêtements des exilés. En plus de ces violences, s'ajoute un reproche déjà fait au mois de juin par le Défenseur des Droits () : la perturbation de l'aide humanitaire par la police qui "prive souvent les demandeurs d'asile et les migrants de produits de première nécessité", regrette l'ONG. PROPORTIONNALITÉ Le rapport note qu'au début de l'année, les autorités avaient émis plusieurs arrêtés pour mettre fin aux distributions de repas, mais que la justice les a suspendus. "En réponse à cette décision, les autorités locales ont commencé à autoriser les distributions de repas, mais en limitant leur durée à une heure, après quoi, selon les travailleurs humanitaires, les policiers mettaient parfois fin de manière agressive à la distribution." Les travailleurs humanitaires ont, enfin, rapporté à HRW que les policiers cassaient ou confisquaient leur téléphone s'ils filmaient les violences. Dans un communiqué, Bénédicte Jeannerod, directrice France de l'ONG, appelle le gouvernement à "envoyer un message clair pour signifier que le harcèlement policier, ou toute autre forme d’abus de pouvoir, ne sera pas toléré". Pour ce rapport, Human Right Watch a mené des entretiens auprès de 61 demandeurs d'asile et migrants ainsi qu'une vingtaine de travailleurs humanitaires. Le préfet du Pas-de-Calais, Fabien Sudry, "réfute catégoriquement les allégations calomnieuses" et "regrette ces accusations non vérifiées qui jettent le discrédit sur nos forces de l’ordre". "La mention dans le rapport d’utilisation gratuite et systématique d’un gaz à poivre sur les migrants est particulièrement calomnieuse", a-t-il réagi dans un communiqué. Selon le préfet, "les moyens de coercition quand ils s’avèrent nécessaires, obéissent strictement au principe de la proportionnalité de la réponse au risque". Le préfet rappelle que toute personne peut saisir les autorités judiciaires compétentes et précise que seules trois plaintes ont été déposées contre les forces de l'ordre depuis fin 2016 et qu'elles en sont en cours d’instruction. (Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)