Publicité

La pression sur l'Arabie saoudite s'accentue dans l'affaire Khashoggi

Le quotidien pro-gouvernemental turc Sabah a publié mercredi les noms de 15 Saoudiens présentés comme des agents du renseignement impliqués dans la disparition du journaliste et dissident Jamal Khashoggi, sur laquelle le président américain Donald Trump a exigé que toute la lumière soit faite. /Photo prise le 8 octobre 2018/REUTERS/Murad Sezer

par Daren Butler

ISTANBUL (Reuters) - Le quotidien pro-gouvernemental turc Sabah a publié mercredi les noms de 15 Saoudiens présentés comme des agents du renseignement impliqués dans la disparition du journaliste et dissident Jamal Khashoggi, sur laquelle le président américain Donald Trump a exigé que toute la lumière soit faite.

Le journaliste, qui s'était exilé l'an dernier aux Etats-Unis, n'a plus donné signe de vie depuis qu'il s'est rendu le 2 octobre dernier au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul.

Sa fiancée, qui l'attendait à l'extérieur, assure qu'il n'en est jamais ressorti et des sources au sein des services de sécurité turques pensent qu'il a été tué à l'intérieur du consulat.

Une de ces sources a déclaré ce week-end à Reuters que 15 ressortissants saoudiens étaient arrivés à Istanbul et s'étaient rendus au consulat le 2 octobre avant de quitter la Turquie.

Le quotidien Sabah publie les noms et années de naissance de 15 Saoudiens arrivés le 2 octobre à l'aéroport Atatürk d'Istanbul. Leurs photos prises aux guichets de contrôle des passeports accompagnent l'article.

L'un des hommes identifiés et photographiés dans l'article de Sabah est un expert en médecine légale, selon les médias saoudiens. Il figure au conseil de la Société saoudienne de médecine légale.

Les noms de plusieurs autres suspects, dont le journal turc écrit qu'ils voyageaient avec des passeports diplomatiques, correspondent à ceux d'officiers de l'armée saoudienne déjà cités dans la presse locale et, pour l'un d'entre eux, sur son profil Facebook.

Selon Sabah, les membres du groupe sont repartis à quatre moments différents de la journée.

Le journal, qui ne précise pas comment il s'est procuré ces informations, ajoute que les Saoudiens sont descendus dans deux hôtels d'Istanbul, le Wyndham et le Mövenpick, situés dans le même quartier que le consulat d'Arabie saoudite.

TRUMP VEUT FAIRE "TOUTE LA LUMIÈRE"

Contacté par Reuters, le consulat saoudien a renvoyé vers les autorités à Ryad.

Donald Trump a dit mercredi avoir abordé cette question avec des responsables saoudiens "au plus haut niveau".

"Nous voulons savoir ce qui est arrivé", a déclaré le président américain à des journalistes. "C'est une situation très grave pour nous et pour la Maison blanche."

"Nous travaillons étroitement avec la Turquie et je pense que nous ferons toute la lumière sur cette affaire", a ajouté Donald Trump en se gardant de porter des accusations directes contre son allié saoudien.

Plus tôt dans la journée, le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis, le républicain Bob Corker, avait pris moins de pincettes en déclarant qu'au vu des informations classifiées auxquelles il avait eu accès, "tout indiquait" que Jamal Khashoggi avait bien été assassiné dans le consulat.

"Les Saoudiens vont devoir s'expliquer", a-t-il poursuivi. "Nos relations avec l'Arabie saoudite, au moins du point de vue du Sénat, sont plus bas que jamais. Elles n'ont jamais été aussi mauvaises."

La Maison blanche a fait savoir que le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton et le conseiller et gendre de Donald Trump, Jared Kushner, s'étaient tous trois entretenus au téléphone avec le prince hériter saoudien Mohamed ben Salman.

Le vice-président Mike Pence a de son côté proposé à la Turquie l'aide des Etats-Unis, notamment celle du FBI, tandis que le Foreign Office britannique a exigé des réponses rapides de Ryad aux questions qui se posent.

(Avec Stephen Kalin à Istanbul et Steve Holland à Washington; Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)