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Un quart des élus démocrates boycotteront Netanyahu au Congrès

WASHINGTON (Reuters) - Près d'un quart des élus démocrates du Congrès américain ont l'intention de boycotter le discours que s'apprête à prononcer ce mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans lequel il compte exprimer ses divergences avec l'administration Obama sur le dossier du programme nucléaire iranien. Au dernier pointage, mardi matin, 60 des 232 élus démocrates du Sénat et de la Chambre des représentants déclaraient qu'ils n'assisteraient pas au discours, en signe de protestation contre la politisation des questions de sécurité israéliennes, sujet sur lequel le Congrès présente d'ordinaire un front uni. Le discours doit débuter vers 11h00 (17h00). L'absence d'un si grand nombre d'élus pourrait être politiquement embarrassante pour le Premier ministre israélien, en campagne pour sa réélection lors des législatives fixées au 17 mars prochain. De nombreux Israéliens s'inquiètent d'une éventuelle politisation des relations avec Washington alors que les dirigeants israéliens s'attachent traditionnellement à respecter une stricte égalité dans leurs rapports avec les démocrates et avec les républicains américains. D'après un attaché parlementaire de la Chambre des représentants, les sièges laissés vacants par les élus qui boycotteront le discours pourraient être occupés par du personnel du Congrès pour éviter que les caméras de télévision ne s'attardent sur des fauteuils vides. A la Maison blanche, la conseillère Valerie Jarrett a laissé entendre que Barack Obama ne suivrait pas le discours retransmis à la télévision. "Il a une pleine journée de travail", a-t-elle dit sur CNBC. Le président américain doit notamment avoir une visioconférence sur l'Ukraine avec des dirigeants européens à partir de 11h30 (16h30 GMT), soit une demi-heure après la prise de parole de Netanyahu. Le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, dont l'invitation à Netanyahu à venir s'exprimer a provoqué la crise diplomatique actuelle entre la Maison blanche et Jérusalem, a tenu mardi à minimiser les divisions. "Les liens qui unissent l'Amérique à Israël sont plus forts que la politique du moment", a-t-il dit dans un message vidéo. "Je compte parler d'un régime iranien qui menace d'anéantir Israël", a dit Benjamin Netanyahu lundi devant l'AIPAC, groupe de pression américain pro-israélien. Au Capitole, le chef du Likoud (droite) devrait réaffirmer son hostilité à un accord avec Téhéran à moins d'un mois de la date butoir du 31 mars fixée pour la conclusion du volet politique des négociations sur le nucléaire. L'administration Obama ne décolère pas face à ce qu'elle considère comme un affront à sa diplomatie, d'autant que le discours coïncidera avec des discussions préparatoires entre l'Iran et le P5+1 qui ont débuté dès lundi à Montreux, en Suisse, en présence du secrétaire d'Etat américain John Kerry. Sur CNN, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, lui aussi présent en Suisse, a estimé que par son discours, Netanyahu tentait de créer de la tension et du conflit pour éviter que les négociations sur le nucléaire iranien aboutissent. (Dan Williams et Doina Chiacu; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)