Un suspect palestinien tué par la police israélienne

par Luke Baker JÉRUSALEM (Reuters) - Un Palestinien a été tué jeudi à Jérusalem-Est dans un échange de tirs avec des policiers israéliens venus l'arrêter pour son implication présumée dans une tentative d'assassinat contre une figure de l'extrême droite israélienne, a annoncé la police. Moataz Hejazi, qui était âgé de 32 ans, a été abattu sur la terrasse servant de toit à un immeuble de trois étages dans le quartier d'Abou Tor à Jérusalem-Est. Le président palestinien Mahmoud Abbas a jugé que cette intervention des forces de l'ordre israéliennes constituait "l'équivalent d'une déclaration de guerre" et son parti le Fatah a appelé à une "journée de colère", vendredi. Le quartier a été bouclé par les forces de sécurité qui ont essuyé des jets de pierres de la part de jeunes manifestants palestiniens, le visage caché par un foulard ou une capuche. Les affrontements se poursuivaient plusieurs heures après la fusillade. "Cette situation n'est pas bonne, tout le monde est en colère", a commenté Galib Abou Nejmeh, 65 ans, habitant du quartier. "C'est en train de devenir une nouvelle Intifada", a-t-il ajouté en référence aux violences qui avaient touché Jérusalem-Est à la fin des années 80. Moataz Hejazi était soupçonné d'avoir grièvement blessé par balle le militant de l'extrême-droite israélienne, Yehuda Glick, qui fait campagne pour que les juifs puissent prier dans l'enceinte du Mont du Temple, site religieux que les musulmans appellent esplanade des Mosquées et considèrent comme le troisième lieu saint de l'islam. Yehuda Glick, un colon né aux Etats-Unis, a été blessé mercredi soir à sa sortie d'une conférence au centre Menachem Begin à Jérusalem. Son agresseur a pris la fuite à moto. Le porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, a précisé que le suspect avait ouvert le feu alors que des unités de la police antiterroriste encerclaient sa maison dans le quartier d'Abou Tor. "Dès leur arrivée, elles (les forces de police) ont essuyé des coups de feu", a déclaré Micky Rosenfeld. "Elles ont riposté et tué le suspect", a-t-il ajouté. FERMETURE DE L'ESPLANADE DES MOSQUÉES Des habitants ont raconté que plusieurs centaines de policiers et de membres des unités spéciales ont participé à la traque de Moataz Hejazi qui s'était réfugié dans sa maison familiale avant d'être cerné sur la terrasse d'un immeuble voisin. Des hélicoptères de l'armée israélienne ont survolé le quartier dès les premières heures de la journée. Selon des habitants, Hejazi avait été emprisonné pendant 11 années et libéré en 2012. Son père et son frère ont été arrêtés. Le Hamas et le Djihad islamique ont salué l'agression commise contre Yehuda Glick et ont qualifié Moataz Hejazi de "martyr qui a répondu à l'appel divin en défendant la mosquée Al Aqsa". La tension est montée dans la partie orientale de Jérusalem depuis cet été, notamment dans les quartiers d'Abou Tor et de Silouan où des affrontements nocturnes se déroulent régulièrement entre forces de sécurité israéliennes et manifestants palestiniens. Cette tension est alimentée par les installations de colons juifs dans des quartiers majoritairement arabes de la ville, de même que par les pèlerinages de juifs orthodoxes, parfois sous protection policière, au Mont du Temple, où se trouvent aussi la mosquée Al Aqsa et le Dôme du rocher, deux des principaux lieux saints de l'islam. Les organisations de colons israéliens ont acquis une vingtaine d'immeubles à Silouan, dont neuf au cours des trois derniers mois, et y ont installé des familles. Environ 500 colons vivent au milieu de quelque 40.000 Palestiniens. A l'annonce de l'agression contre Glick, des groupes de l'extrême-droite israélienne ont appelé leurs sympathisants à se rendre à la mosquée Al Aqsa contraignant les forces de sécurité à fermer totalement l'accès à l'esplanade, une première depuis 14 ans. Le lieu a été rouvert en fin de journée. (Luke Baker avec Ali Sawafta à Ramallah; Henri-Pierre André et Pierre Sérisier pour le service français)