Un ministre turc prédit "des guerres de religion" en Europe

L'Europe se dirige vers "des guerres de religion", au vu du résultat des élections législatives aux Pays-Bas, a prédit jeudi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu (photo). /Photo d'archives/REUTERS/Henry Romero

ANKARA (Reuters) - L'Europe se dirige vers "des guerres de religion", au vu du résultat des élections législatives aux Pays-Bas, a prédit jeudi le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. S'exprimant lors d'une réunion politique dans la ville d'Antalya, le chef de la diplomatie turque a estimé que les opinions du chef de l'extrême droite néerlandaise, Geert Wilders, étaient en fait partagées par les partis rivaux. "De nombreux partis ont obtenu un nombre équivalent de voix", a-t-il fait remarquer à propos du résultat du scrutin de mercredi qui a vu la victoire de la formation du Premier ministre de centre droit, Mark Rutte. "Dix sept pour cent ici, 20% là, il y a plein de partis avec ces scores-là, mais ils sont tous pareils", a-t-il ajouté. "Il n'existe aucune différence entre ce que pensent Geert Wilders et les sociaux-démocrates aux Pays-Bas. Ils pensent tous la même chose (...) C'est ce qui est train de conduire l'Europe au bord de l'abîme. Des guerres de religion pourraient bientôt, vont bientôt commencer en Europe." Les Pays-Bas, comme l'Allemagne, traversent un vif contentieux diplomatique avec la Turquie après les interdictions faites à des ministres turcs de tenir des réunions publiques dans le cadre de la campagne menée auprès de la diaspora turque en vue du référendum constitutionnel prévu le 16 avril. Ankara a annoncé lundi des mesures de rétorsion, notamment une suspension des réunions bilatérales au niveau ministériel. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé le gouvernement néerlandais d'être "un vestige du nazisme". Jeudi, lors d'un meeting électoral dans la province de Sakarya, dans le nord-ouest de la Turquie, il a de nouveau critiqué les Pays-Bas, estimant que Mark Rutte avait "perdu" l'amitié de la Turquie. Evoquant une décision de la Cour de justice de l'Union européenne, mardi, permettant aux employeurs d'interdire le port de signes religieux ostensibles, il l'a jugée honteuse. "Honte à l'UE. A bas vos principes européens, vos valeurs, votre justice (...) Ils ont ouvert une confrontation entre la Croix et le Croissant, il n'y a pas d'autre explication", a-t-il déclaré à une foule de partisans. (Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu, Gilles Trequesser pour le service français)