Un important chef islamiste tué au Mali par l'aviation française

par Tiemoko Diallo BAMAKO (Reuters) - Le chef islamiste Oumar Ould Hamaha, dont la tête avait été mise à prix trois millions de dollars par le gouvernement américain, a été tué dans une série de raids menés par l'aviation française dans le nord du Mali. De source militaire malienne, on précise que Hamaha a péri dans les montagnes du Tigharghar, situées près de la ville de Kidal, dans le nord-est du pays. "C'est ce que nous ont indiqué les services de renseignement hier. Il a été tué lors d'une opération aérienne française dans le Tigharghar", a-t-on précisé de même source. Hamaha, connu sous le surnom de "barbe rouge" car il se teignait la barbe avec du henné, était l'un des chefs de file de la coalition islamiste qui avait pris le contrôle du nord du Mali en avril 2012 après un coup d'Etat militaire à Bamako. Hamaha avait auparavant appartenu à différents groupes armés musulmans opérant dans la zone saharienne. Il fut longtemps membre d'Al Qaïda au Maghreb islamique, branche armée de l'organisation djihadiste en Afrique du Nord, et était un proche allié de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Le département d'Etat américain avait offert une récompense pour sa capture, estimant qu'Hamaha avait participé à l'enlèvement de plusieurs ressortissants étrangers, dont le diplomate canadien Robert Fowler, au Niger en 2008. EXACTIONS Pendant les dix mois de domination des islamistes sur le nord du Mali, il était devenu le porte-parole du Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) qui avait imposé la charia sur la ville de Tombouctou dont il était originaire. Il avait ouvertement soutenu la destruction des mausolées et des tombeaux de la ville, considérés comme des lieux sacrés du soufisme et inscrits au patrimoine mondial par l'Unesco. Les islamistes imposèrent également la loi du talion et le port du voile intégral pour les femmes. Celles qui étaient vêtues de manière jugée inconvenante étaient fouettées. Face à ces exactions, la France était intervenue militairement en janvier 2013 dans le cadre de l'opération Serval autorisée par une résolution du Conseil de sécurité de l'Onu. Peu à peu, la progression des forces françaises avait desserré l'étau islamiste sur le nord du Mali mais des poches de résistance demeurent dans cette vaste étendue désertique difficilement contrôlable. La France dispose d'environ 1.600 hommes encore présents sur le terrain mais se désengage progressivement à mesure que la mission des Nations unies, la Minusma, qui doit compter 12.000 militaires, se met en place et atteint sa configuration opérationnelle. Une dizaine de djihadistes ont été tués la semaine passée lors d'une opération des forces françaises et maliennes dans l'Adrar des Ifoghas dans le nord-est du Mali. Les activistes avaient été repérés à l'aide d'un drone de surveillance alors qu'ils manipulaient des lance-roquettes près d'une cache d'armes. (Pierre Sérisier pour le service français)