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L'auteur présumé de la tuerie de Bruxelles arrêté à Marseille

PARIS (Reuters) - L'auteur présumé de la fusillade meurtrière du Musée juif de Bruxelles, un Français de 29 ans, a été interpellé à Marseille avec des armes et une vidéo de revendication, ont annoncé dimanche les autorités françaises. "Un très fort faisceau d'indices graves et concordants" existe à l'encontre de Mehdi Nemmouche, originaire de Roubaix, arrêté vendredi à sa descente d'un autocar en provenance de Belgique, a précisé le procureur de la République de Paris, François Molins. Il a expliqué lors d'une conférence de presse que l'homme détenait un fusil d'assaut Kalachnikov et un pistolet identique à celui utilisé à Bruxelles et que la carte mémoire de son appareil photo contenait une vidéo dans laquelle un homme, dont la voix ressemble à celle du suspect, revendique l'attaque. La fusillade a fait trois morts, un couple israélien et une Française, samedi 24 mai. Un homme de nationalité belge est toujours dans le coma, a précisé le parquet de Belgique. Placé en garde à vue pour assassinat, tentative d'assassinat, port, transport et détention d'armes, toutes infractions en relation avec une entreprise terroriste, "il ne dit rien, invoquant le droit au silence, il se refuse à toute déclaration", a dit François Molins. Sa garde à vue peut durer jusqu'à mardi 12h30 et peut être prolongée de 48 heures. Mehdi Nemmouche a été incarcéré à cinq reprises en France, notamment pour vol, a ajouté le procureur de la République. "Durant sa dernière détention, il s'était illustré par son prosélytisme extrémiste, fréquentant un groupe de détenus islamistes radicaux et faisant des appels à la prière collective en promenade." Libéré le 4 décembre 2012, Mehdi Nemmouche s'est rendu en Syrie le 31 décembre de la même année, a poursuivi le procureur. "Il va rester plus d'une année en Syrie, où il semble avoir rejoint les rangs de groupes combattants, organisations terroristes djihadistes, groupe combattant de l'Etat islamique en Irak et au Levant." Un drap blanc avec inscrits en langue arabe le nom de ce groupe et la phrase "Dieu est grand" a été trouvé en sa possession. L'ÉTAT MOBILISÉ CONTRE LES DJIHADISTES Le président François Hollande a salué le travail des forces de police, notamment des douaniers, et assuré que l'Etat était mobilisé contre les djihadistes pour "éviter qu'à leur retour ils puissent nuire comme, hélas, ça risque de s'être produit à Bruxelles". "Nous les combattrons, nous les combattrons et nous les combattrons", a ajouté le président français lors d'un déplacement en Normandie. Les autorités estiment que 700 Français combattent actuellement en Syrie. Des mesures ont été prises ces dernières semaines pour tenter de prévenir ce phénomène. L'interpellation a eu lieu vendredi à 12h30 à la gare Saint-Charles, lors d'un contrôle du car, qui venait d'Amsterdam, dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. Le procureur a ajouté qu'une mini-caméra avait été trouvée en la possession du suspect et que l'homme commentant la vidéo de revendication expliquait qu'il la réalisait car l'enregistrement de la tuerie n'avait pas fonctionné. Erik van der Sypt, du parquet fédéral de Belgique, a déclaré qu'un juge belge avait émis un mandat d'arrêt européen et que le pays tenterait d'obtenir son extradition. Après l'interpellation du suspect, le vice-président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a fait part de son soulagement mais aussi de son inquiétude. "L'acte terroriste était un acte exceptionnel dans la société française, il est en train de se banaliser", a-t-il déclaré sur I>Télé. "C'est quelque chose qui évidemment inquiète très profondément les juifs de France" car "les juifs de France sont aujourd'hui la première cible de ces terroristes". L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a salué "le travail des autorités". "Nous attendons des autorités une intensification des mesures contre les activités des djihadistes en particulier face au recrutement de combattants sur les réseaux sociaux et les forums internet", déclare son président, Sacha Reingewirtz, dans un communiqué. Des représentants juifs ont fait le parallèle entre la tuerie de Bruxelles et l'équipée meurtrière de Mohamed Merah, qui avait abattu le 19 mars 2012 trois enfants juifs et un enseignant devant l'école Ozar Hatorah de Toulouse, après avoir tué trois militaires. (Jean-Baptiste Vey, avec Nicolas Bertin et Pauline Mével, Jean-François Rosnoblet à Marseille et Adrian Croft à Bruxelles, édité par Guy Kerivel)