Publicité

Un film porno vient ré-ouvrir le débat sur l’accompagnement sexuel

Vivante d'Anoushka
Vivante d'Anoushka

Le 15 août, Canal + programme en seconde partie de soirée un film pornographique féministe et engagé en faveur d’un véritable sujet de société : l’accompagnement sexuel.

Vivante, de la réalisatrice Anoushka, raconte l’histoire d’amour entre Charlotte (Bertoulle Beaurebec) et Lou (Romy Furie) mais également la reconstruction physique et mentale de celle-ci après un accident de la route. Charlotte redeviendra finalement vivante grâce à l’amour de sa compagne, sa passion pour la danse… mais aussi grâce aux sexe avec l’aide d’une travailleuse du sexe dédiée à l’accompagnement des personnes handicapées (interprétée par Yumie Volupté). On retrouve aussi dans ce film très inclusif, Marie-Léa Kinka, l’une des rares actrices pornographique paraplégiques.

Illégal en France

En France, l’accompagnement sexuel des personnes handicapées est soumis à la loi contre la prostitution et aux textes qui réprouvent toute forme de proxénétisme. Il est donc illégal. Ce n’est pas le cas en Belgique, en Allemagne ou en Suisse par exemple. Dans certains états américains comme en Californie, les accompagnants sexuels bénéficient d’un statut à part sous le nom de “sex surrogate”.

Dans une interview au Tag Parfait, Anoushka explique son choix d’intégrer ce sujet à son film de fiction pornographique : “J’avais envie de parler de ce métier, qui est du travail du sexe, pour montrer à quel point son existence est importante ! La sexualité fait partie intégrante du bien-être et tout le monde a droit à avoir une sexualité qui contribue à une forme de plénitude. Vivante nous montre que le sexe est un lieu d’évasion dans lequel on crée, on tente, dans lequel on peut trouver du réconfort et la force de se réapproprier sa vie. Nos corps peuvent être de véritables accélérateurs sensoriels, le sexe est un moyen de s’exprimer et de se sentir vivant. Vivre, c’est le sujet du film…”

En février dernier, la secrétaire d’état Sophie Cluzel saisissait le Comité consultatif national d’éthique afin de rendre un avis sur l’assistance sexuelle aux personnes handicapées. En 2012, le Comité s’était déclaré défavorable à la création de services assurés par des professionnels. Consultante et actrice sur le film, escort, accompagnante sexuelle et actuellement secrétaire déléguée du STRASS (syndicat du travail du sexe en France), Cybele Lesperance demande une dépénalisation globale pour qu’aucune différence ne soit faite entre le travail du sexe et l’accompagnement sexuel. Elle refuse une exception pour l’assistance sexuelle aux personnes handicapées, qu’elle voit comme un geste validiste, c’est-à-dire émanant d’un modèle de société où on érigerait le non-handicap comme une norme.

Ouvrir les yeux sur ce métier

Là dessus, le film et le propos d’Anoushka sont clairs : à tout moment, tout le monde peut se retrouver en situation de handicap psychologique ou physique. Ouvrir les yeux sur les dessous de cette activité, les besoins des personnes en situation de handicap et les conditions de travail des accompagnantes et accompagnants est nécessaire pour faire avancer la société toute entière.

Aujourd’hui, sans réel encadrement de l’État, des travailleuses du sexe proposent un accompagnement sexuel aux personnes handicapées, comme Cybele Lesperance. Les textes de loi actuels leur font prendre des risques, tout comme à leurs clients et clientes, ainsi qu’aux intermédiaires qui existent parfois pour la mise en relation et l’organisation du rendez-vous – sans oublier les chefs d’établissements médicalisés, quand ils sont au courant. L’accompagnante sexuelle déplore qu’aujourd’hui, aux yeux de la loi, tous soient coupables.

En plus de ces professionnelles engagées et de ces proches courageux, une association milite en France pour la reconnaissance de l’accompagnement sexuel : l’APPAS.

Par la fiction et sa volonté de raconter une histoire la plus réaliste possible, Anoushka ouvre donc à nouveau un débat sur lequel l’État peine à statuer. Vivante permettra à ses spectatrices et spectateurs de se faire par eux-même une opinion sur le sujet. Le film sera rediffusé le 22 août sur Canal+ puis disponible en replay pendant un an. Après ça, il sera à retrouver sur le site internet de la réalisatrice avec ses films précédents.

À LIRE AUSSI :

>> Le porno aurait une influence directe sur le cerveau… Et sur le comportement

>> "Il n'y a pas de lien de causalité entre l'exposition du porno aux mineurs et les violences conjugales": la porno gratuite bientôt bloquée par la justice ?

>> Céline Tran : "Je ne savais plus comment on faisait l'amour dans la vraie vie"