Un apprenti justicier à l'origine du mitraillage de Caracas

Le policier vénézuélien qui aurait dérobé un hélicoptère pour mitrailler le siège de la Cour suprême (photo) et le ministère de l'Intérieur, mardi soir à Caracas, se présente sur les réseaux sociaux comme un justicier à mi-chemin entre James Bond et Rambo. /Photo prise le 28 juin 2017/REUTERS/Marco Bello

par Girish Gupta et Brian Ellsworth CARACAS (Reuters) - Le policier vénézuélien qui aurait dérobé un hélicoptère pour mitrailler le siège de la Cour suprême et le ministère de l'Intérieur, mardi soir à Caracas, se présente sur les réseaux sociaux comme un justicier à mi-chemin entre James Bond et Rambo. Selon les autorités vénézuéliennes, il s'agit d'un certain Oscar Perez, qui est à la fois pilote, plongeur et parachutiste. Il est toujours recherché, selon Caracas. Le président Nicolas Maduro a sommé les dirigeants de l'opposition de condamner un acte "destiné à provoquer un putsch". Le Venezuela connaît depuis début avril une énième crise politique, qui a fait au moins 75 morts. Certains chefs de file de l'opposition exhortent de longue date les membres des forces de l'ordre à la désobéissance. Sur internet, Oscar Perez, qui est âgé de 36 ans, dit lutter contre un régime tyrannique et malfaisant. Dans un film d'action intitulé "Mort en sursis", tourné par ses soins en 2015 et qui raconte le sauvetage d'un homme d'affaires après son enlèvement, on le voit notamment tirer au pistolet mitrailleur d'un hélicoptère. Le policier, qui s'expose sans retenue malgré les impératifs de discrétion de sa profession, alimente abondamment son compte Instagram de photos le montrant à cheval en tenue de combat, plongeant armé jusqu'aux dents ou sautant d'un hélicoptère avec un chien. Il a par ailleurs accordé plusieurs entretiens au sujet de son film. "Je suis le genre d'homme qui sort dans la rue sans savoir quand il rentrera chez lui", dit-il dans l'un d'eux. L'idée du film, explique-t-il dans un autre, lui est venue après une conversation avec un jeune délinquant. "Je me suis demandé ce qu'on pouvait faire pour créer un état d'esprit positif, pour être une arme contre la délinquance. Voilà comment 'Mort en sursis' est né." Mardi soir, alors qu'il était aux commandes de l'hélicoptère, il a déroulé une banderole frappée du mot "Liberté !". Son acte n'a pas fait de victime. On ignore s'il a agi seul ou avec l'appui de l'opposition, dont certains représentants accusent à l'inverse le chef de l'Etat d'avoir fomenté l'opération pour justifier une répression accrue contre ses adversaires. (Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Tangi Salaün)