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Pékin et Séoul promettent des "mesures fortes" face à Pyongyang

par Ju-min Park et Nobuhiro Kubo SEOUL/TOKYO (Reuters) - La Chine et la Corée du Sud se sont entendues lundi pour prendre des "mesures fortes" contre la Corée du Nord si Pyongyang mène un nouvel essai nucléaire ou test de missile balistique, a annoncé un responsable sud-coréen. Kim Hong-kyun, représentant pour la paix et les affaires de sécurité de la Corée du Sud, s'exprimait pendant une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le représentant chinois pour les affaires coréennes, Wu Dawei. L'émissaire chinois s'est rendu lundi à Séoul pour discuter du programme d'armement nord-coréen, sur fond d'inquiétudes sur un possible nouvel essai nucléaire du régime de Pyongyang, qui va commémorer ce mois-ci plusieurs dates anniversaires, souvent prétexte par le passé à des démonstrations militaires de grande ampleur. "Nous sommes convenus que si, en dépit des mises en garde de la communauté internationale, la Corée du Nord se livre à des provocations stratégiques comme un essai nucléaire ou un tir de missile balistique, il nous faudra adopter des mesures fortes supplémentaires en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu", a déclaré Kim Hong-kyun. L'émissaire sud-coréen a ajouté que les deux pays étaient d'accord pour dire qu'une "résolution de l'Onu encore plus forte" devrait dans ce cas être votée. Wu Dawei, qui ne s'est pas exprimé devant la presse, a en revanche redit pendant l'entretien l'hostilité de la Chine au déploiement sur le sol sud-coréen du système de défense antimissiles américain THAAD, a indiqué Kim Hong-kyun. Alors que les Etats-Unis ont pressé la semaine dernière la Chine de jouer de son influence auprès du régime de Pyongyang, Reuters a appris samedi qu'un groupe aéronaval américain faisait en outre route vers la péninsule coréenne afin d'assurer une "présence accrue" dans la région. LA FRAPPE EN SYRIE, AVERTISSEMENT POUR PYONGYANG La possibilité d'une action directe de l'armée américaine contre la Corée du Nord a été évoquée ces derniers jours, après les frappes américaines qui ont visé vendredi une base aérienne syrienne. Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a déclaré lui-même que les frappes en Syrie étaient un avertissement lancé aux autres pays, et notamment à la Corée du Nord. A Tokyo, on minimise la possibilité d'une telle intervention, tandis qu'à Séoul, on souligne que la priorité reste de dissuader toute action et de se préparer à toute éventualité. "Ce n'est probablement pas réaliste pour les Etats-Unis d'attaquer la Corée du Nord", a déclaré un responsable du ministère de la Défense japonais. "Si l'Amérique dit qu'elle va attaquer, le Japon et la Corée du Sud y mettront probablement un coup d'arrêt", a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat. "Si vous constituez une menace pour les autres (...) une réaction est à attendre", a déclaré le chef de la diplomatie américaine samedi. "Le président Xi le comprend clairement, et je pense qu'il est d'accord, la situation s'est aggravée et a atteint un niveau de menace tel qu'une mesure doit être prise", a poursuivi Rex Tillerson dans une interview à CBS. Le secrétaire d'Etat s'exprimait après le premier sommet entre Donald Trump et Xi Jinping, la semaine dernière en Floride, pendant lequel le président américain a pressé son homologue chinois d'exercer son influence auprès de Pyongyang pour contenir son programme nucléaire. LA PRESSE INVITÉE À PYONGYANG LE 15 AVRIL La Corée du Nord a effectué deux essais nucléaires et une série de tirs de missiles depuis début 2016, au mépris des résolutions des Nations unies. Elle est soupçonnée de travailler au développement de missiles de longue portée équipés de têtes nucléaires susceptibles d'atteindre les Etats-Unis. Le groupe aéronaval américain USS Carl Vinson a annulé ses escales prévues en Australie pour faire route vers la péninsule coréenne, a appris Reuters samedi d'un responsable américain, qui précisait: "Nous avons le sentiment qu'une présence accrue est nécessaire." Les forces navales sud-coréennes et américaines participent en outre à des manoeuvres militaires communes annuelles jusqu'à la fin du mois d'avril. Pyongyang estime que ces exercices visent à préparer la guerre. Plusieurs anniversaires du régime commémorés en avril sont susceptibles de fournir l'occasion de nouveaux tests nucléaire ou de missiles, a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense sud-coréen, Moon Sang-kyun. Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a invité de nombreux représentants de la presse internationale cette semaine, notamment à l'occasion du "Jour du Soleil" le 15 avril (samedi), qui marque le 105e anniversaire de la naissance du fondateur de la république démocratique populaire, Kim Il-sung. Moon Sang-kyun a refusé de se prononcer sur la possibilité d'une frappe américaine. "Etant donné la possibilité de provocations stratégiques de la Corée du Nord, comme un essai nucléaire et des tirs de missiles, nous avons mis en place une (stratégie de) dissuasion contre les provocations du Nord et nous nous tenons prêts", a-t-il déclaré lundi lors d'une conférence de presse. Des émissaires sud-coréen, japonais et américain se rencontreront bientôt pour discuter de leur réponse coordonnée, a-t-il ajouté. (Avec Minwoo Park à Séoul; Julie Carriat et Tangi Salaün pour le service français)