Yahoo Actualités Ukraine: ville "fantôme" reprise aux soldats russes, Lyman panse ses plaies
Une ville qui panse doucement ses plaies. Reprise fin septembre après la fuite des soldats russes, Lyman a des airs de ville "fantôme", où la plupart des bâtiments portent encore les stigmates des violents combats qui s'y sont déroulés il y a quelques jours encore.
Si le drapeau ukrainien flotte de nouveau sur le fronton de la mairie, le danger n'est jamais très loin et les journalistes de BFMTV qui se sont rendus sur place ont pu constater de nombreux bruits d'explosions.
"C’est un missile envoyé depuis les territoires occupés" qui se trouvent à quelques kilomètres de là, détaille Vichitslav, un travailleur humanitaire devenu responsable des évacuations de la ville.
Des habitants traumatisés
Avant l'invasion russe, 30.000 personnes vivaient dans cette ville située dans l'oblast de Donetsk, à une centaine de kilomètres de Kharkhiv, où l'armée ukrainienne a réalisé d'importantes avancées ces derniers jours. Seuls 3000 habitants sont encore présents, profondément traumatisés par l'occupation russe.
"Les Russes nous interdisaient d’aller au cimetière, ils avaient sûrement leur matériel militaire là-bas. Ils nous ont dit 'vous enterrez vos morts dans les potagers, ou dans les cours'", explique Sacha, qui a été forcé d'enterrer sa grand-mère dans son jardin.
Des voisins racontent avoir vécu plusieurs semaines dans leur cave afin d'échapper aux bombardements incessants. "Cinq missiles ont frappé dans le jardin, et un autre devant la clôture. Les vitres, les carreaux, tout était cassé. Si on n’était pas dans la cave, on n'aurait pas survécu", affirment-ils.
Un autre homme explique être sans nouvelles de sa femme, qui aurait été enlevée vers les territoires occupés de l'est par des soldats russes, après une simple dispute.
Une ville stratégique
A l'image de la ville de Kherson, sur le point de retomber entre les mains des soldats ukrainiens, Lyman était une position stratégique pour Moscou. La localité est un noeud ferroviaire important qui permettait au Kremlin de ravitailler ses hommes ou bien d'envoyer des renforts dans plusieurs zones du pays.
Après deux semaines d'avancée à pas comptés, la prise de cette ville permet aussi à Kiev d'afficher une nouvelle dynamique positive, espérant ainsi marquer un point de bascule dans le conflit, alors que la quasi-intégralité de la région de Kharkhiv a été reconquise.
Mercredi, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, située à l'est de Lyman, jusqu'ici sous contrôle quasi-total de Moscou, a proclamé une percée significative des soldats de Kiev.
"Maintenant c'est officiel. La [reconquête] de la région de Lougansk a commencé. Plusieurs localités ont déjà été libérées", a ainsi déclaré Sergiï Gaïdaï.
