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Ukraine: comment la Russie s'est retrouvée mise au ban des nations en quelques jours

Comment la Russie s'est retrouvée mise au ban des nations en quelques jours (Vladimir Poutine le 21 février 2022. Alexei Nikolsky, Kremlin Pool Photo via AP) (Photo: via Associated Press)
Comment la Russie s'est retrouvée mise au ban des nations en quelques jours (Vladimir Poutine le 21 février 2022. Alexei Nikolsky, Kremlin Pool Photo via AP) (Photo: via Associated Press)

UKRAINE - L’invasion de l’Ukraine déclenchée jeudi 24 février par le président russe Vladimir Poutine a suscité une vague d’annonces de sanctions internationales contre Moscou, principalement de la part des pays occidentaux.

“La Russie est en train d’être débranchée progressivement du reste du monde, notamment sur le plan économique, et cela va avoir un impact extrêmement lourd”, a estimé ce lundi 28 février Clément Beaune sur Europe1. “On a souvent dit que les sanctions étaient une forme de gâchette légère, ou de pistolet à eau de la politique internationale. On est passé dans un autre univers”, a-t-il ajouté.

Et ce n’est que le début, puisque ce lundi, Joe Biden doit s’entretenir en conférence téléphonique avec ses alliés et partenaires pour “coordonner” une “réponse unie” et trouver de nouvelles façons de sanctionner la Russie, a déclaré la Maison Blanche.

Le HuffPost fait le point sur les sanctions prises ces derniers jours et qui mettent déjà la Russie au ban du reste du monde.

Les transactions de la Banque centrale russe bloquées

Les ministres européens des Affaires étrangères se sont entendus dimanche, en accord avec les puissances du G7, pour bloquer les transactions de la Banque centrale russe. Ils estiment que “plus de la moitié des réserves” de l’institution, placées dans des banques de pays du G7 seraient paralysées.

Même la Suisse, historiquement neutre, a décidé d’imiter l’UE en reprenant “l’intégralité” de ses sanctions économiques ce lundi 28 février. De son côté, le gouvernement norvégien a annoncé dimanche que le fonds souverain du pays, le plus gros au monde, allait totalement se désengager de Russie, où il disposait de 2,5 milliards d’euros en actions et obligations fin 2021.

Des banques russes bientôt bannies de Swift

Les Occidentaux et le Japon ont pris la décision d’exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. Ces mesures ont été prises par les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, l’Italie et la Commission européenne. Selon l’Union européenne, environ 70% du secteur bancaire russe est actuellement concerné par les sanctions.

Les conséquences ne se font pas attendre

Conséquence directe de ces sanctions, le rouble a battu ce lundi des records historiques de faiblesse face au dollar et à l’euro à la Bourse de Moscou. Le rouble était indiqué en baisse de 27% à 114,33 roubles par dollar dans les échanges internationaux, selon Bloomberg News. Dès la première seconde d’échanges, il fallait fournir 90 roubles pour obtenir un dollar lundi matin, contre 83,5 au dernier taux officiel mercredi, avant l’invasion de l’Ukraine. Par rapport à l’euro, le taux de change est passé de 93,5 à 101,19 roubles.

Des sanctions qui se ressentent également sur la filiale européenne de la banque russe Sberbank, parmi les plus grandes du pays. Selon la Banque centrale européenne elle serait en “faillite ou faillite probable”, à cause de retraits “significatifs” des dépôts.

Equinor et BP prennent leurs distances d’avec la Russie

Le géant norvégien de l’énergie Equinor va cesser ses investissements en Russie et se désengager de ses joint-ventures dans ce pays en réaction à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, a-t-il annoncé ce lundi. Contrôlé à 67% par l’Etat norvégien, Equinor disposait fin 2021 de 1,2 milliard de dollars d’actifs en Russie, où il est lié depuis 2012 au puissant groupe pétrolier Rosneft dans le cadre d’un partenariat.

Dimanche, la major britannique BP avait de son côté annoncé qu’elle allait se désengager de Rosneft dont elle détient 19,75%.

Le prix du pétrole bondit

Les répercussions se font déjà sentir sur le prix du baril de pétrole brut WTI a bondi de plus de 6% lundi et le Brent de plus de 5%, les opérateurs s’inquiétant de plus en plus d’une crise énergétique après les nouvelles sanctions occidentales à l’encontre de Moscou en raison de son invasion de l’Ukraine.

Espace aérien fermé à la Russie

L’Union européenne a annoncé qu’elle allait fermer son espace aérien aux compagnies russes, en représailles à l’invasion de l’Ukraine par Moscou, une mesure également décidée par plusieurs pays européens ne faisant pas partie de l’UE (Royaume-Uni, Norvège, Macédoine du Nord, Islande) et par le Canada.

“Nous proposons (aux Vingt-Sept) d’interdire tous les avions appartenant à des Russes, enregistrés en Russie ou contrôlés par des intérêts russes. Ils ne pourront plus atterrir, décoller ou survoler le territoire de l’UE”, a annoncé dimanche la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Ainsi que l’espace maritime

Et il n’y a pas que dans les airs que la Russie est persona non grata. C’est également le cas en mer. Les autorités françaises ont intercepté samedi dans la Manche un bateau de commerce appartenant à la banque russe PSB, visée par les sanctions européennes à l’encontre de Moscou, première application visible des mesures de rétorsion après l’invasion de l’Ukraine. Ce bateau battant pavillon russe, construit spécialement pour le transport de véhicules, transportait sa cargaison vers Saint-Petersbourg.

Exclusion de la Coupe du monde de foot

La Russie a été exclue du Mondial de football par son organisatrice, la Fifa, qui a annoncé ce lundi 28 février la suspension des sélections nationales et des clubs russes “jusqu’à nouvel ordre” en réaction à l’invasion de l’Ukraine, dans un communiqué commun avec la Confédération européenne (UEFA).

Les Russes, hôtes du dernier Mondial en 2018, sont donc disqualifiés des barrages de la prochaine édition, qu’ils devaient disputer fin mars avec un billet en jeu pour le tournoi au Qatar (21 novembre-18 décembre), et leur sélection féminine ne pourra pas jouer l’Euro en Angleterre, en juillet. Le Spartak Moscou, dernier club russe engagé en Coupe d’Europe cette saison, est lui aussi exclu.

Le CIO recommande le bannissement

Le Comité international olympique (CIO) a recommandé lundi de bannir les Russes et les Bélarusses des compétitions sportives.

Dans un communiqué, la Commission exécutive du CIO “recommande aux Fédérations internationales de sport et aux organisateurs de manifestations sportives de ne pas inviter ou de permettre la participation d’athlètes et de représentants officiels russes et bélarusses aux compétitions internationales”.

Des sanctions venant de toutes parts

Depuis l’invasion russe, les sanctions pleuvent: annulation du GP de Sotchi; sportifs déclarés persona non grata en Grande-Bretagne, en Norvège, en Suède; refus des Polonais, des Suédois et des Tchèques de les affronter en barrage du Mondial-2022; refus d’Ukrainiens d’affronter les Russes en escrime à l’occasion d’une étape de la Coupe du monde; hymne et drapeau russes bannis par le Comité international olympique (CIO). Côté boxe, les quatre grandes instances - IBF, WBC, WBA et WBO - ont annoncé samedi qu’elles n’autoriseraient pas de championnats en Russie.

Un oligarque russe contraint de céder les rênes de Chelsea

L’oligarque russe Roman Abramovitch, propriétaire de Chelsea depuis 2003 et présenté comme un proche de Vladimir Poutine, a dû confier la gestion du club de Londres aux administrateurs de sa fondation caritative.

Manchester révoque son contrat avec Aeroflot, Schalke avec Gazprom

Manchester United a de son côté annoncé vendredi avoir “révoqué” son contrat de sponsoring avec la compagnie aérienne Aeroflot, à qui l’espace aérien britannique a été interdit. En Allemagne, le club de D2 Schalke 04 a retiré le logo et le nom de Gazprom de ses maillots avant d’annoncer à son tour la rupture de son contrat avec son sponsor principal. L’UEFA a aussi rompu son partenariat avec le géant russe du gaz.

Les médias d’Etat russes, Russia Today (RT) et Sputnik, vont être bannis de l’Union européenne, ainsi que leurs filiales afin de les empêcher de diffuser leurs “mensonges” sur la guerre menée par Moscou en Ukraine, a annoncé dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Nous développons donc des outils pour interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe”, a-t-elle ajouté.

Une décision qu’ont également prise deux importants fournisseurs d’accès à la télévision au Canada, les groupes Bell et Rogers.

En plus de ces sanctions officielles annoncées dans le monde, la Russie pourrait bientôt devoir faire face à une riposte en ligne beaucoup moins officielle. Jeudi 24 février, le collectif Anonymous a déclaré sur Twitter être “officiellement en cyberguerre contre le gouvernement russe”, en réaction à l’invasion de l’Ukraine.

Leur première action a d’ailleurs été de mettre hors-ligne le site Internet de la chaîne de télévision Russia Today (RT), selon le pure-player Les Numériques. Une information confirmée par la chaîne pro-russe, qui a réussi à remettre son site sur les rails. Selon 20 Minutes, des atteintes auraient également été portées aux sites Web de la présidence russe, du gouvernement et de la chambre basse du Parlement, devenus inaccessibles par intermittence aux utilisateurs russes et kazakhs.

À voir également sur Le HuffPost: Guerre en Ukraine: Berlin, Prague, Tokyo... Le monde entier manifeste

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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