Ukraine : qu'est-ce qu'un missile balistique intercontinental (ICBM), que la Russie aurait tiré sur Dnipro ?

Kiev accuse Moscou d'avoir utilisé, pour la première fois depuis le début du conflit, une redoutable arme stratégique : le missile balistique intercontinental.

Les missiles balistiques intercontinentaux se distinguent par leur mode de propulsion (Photo : Ministère de la Défense nationale de Corée du Sud via Getty Images)

Si l'utilisation de cette arme est confirmée, il s'agirait d'une dangereuse première dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Ce jeudi 21 novembre, Kiev a affirmé, via un communiqué de l'armée de l'air, qu'un "missile balistique intercontinental a été lancé depuis la région russe d'Astrakhan" en direction de la ville de Dnipro, située dans le sud du pays.

Pour l'heure, la Russie, qui assure de son côté avoir abattu plusieurs missiles de fabrication britannique tirés par l'Ukraine, n'a ni confirmé, ni infirmé ces allégations. La prudence reste donc de mise, mais Moscou est en tout cas l'un des rares pays à disposer dans son arsenal de cet équipement de pointe au potentiel dévastateur. Mais qu'est précisément un missile balistique intercontinental ?

Comme l'explique un article de La Croix datant de 2022, cette arme souvent désignée par l'acronyme ICBM (pour "intercontinental ballistic missile") est "un engin doté d’une portée supérieure à 5 500 km". Cette impressionnante caractéristique est permise par son système de propulsion, bien différent de celui d'un missile classique.

Les ICBM ont en effet pour particularité de suivre une "trajectoire balistique" sol-sol, et plus précisément une trajectoire "parabolique", selon le JDD. Propulsé hors de l'atmosphère, depuis un lanceur au sol, par un moteur "similaire à celui d’une fusée" selon La Croix, le missile "effectue la majorité de sa trajectoire dans l’espace" et retombe ensuite vers sa cible sous l'effet de la gravité.

En plus d'allonger leur portée, ce système de propulsion confère aussi aux ICBM une effrayante rapidité, ce qui les rend difficiles à intercepter. Les effets combinés des moteurs, puis de la gravité leur permettent en effet d'atteindre une vitesse vertigineuse, pouvant aller jusqu'à 25 000 km/h (selon le JDD).

Ces caractéristiques rendent les ICBM bien plus redoutables que des missiles plus classiques, d'autant plus que leur précision est comparable à celle de ces derniers. La trajectoire parabolique des ICBM est en effet déterminée et guidée par des systèmes de navigation ultrasophistiqués, alimentés par tout un réseau de capteurs.

Comme le rappelle La Croix, cette terrifiante technologie a été développée pour la première fois par l'Allemagne nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale, avec pour résultat le missile V2. Après la chute du IIIe Reich, les recherches dans ce domaine ont été reprises par l'URSS et par les Etats-Unis, qui ont chacun lancé leurs premiers prototypes en 1957.

Depuis, de nombreux autres modèles ont été développés et d'autre pays se sont lancés dans la production d'ICBM. D'après le JDD, on compte aujourd'hui pas moins de sept pays disposant de missiles balistiques intercontinentaux : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, Israël, la France, la Corée du Nord et l'Inde.

Le plus souvent, les ICBM sont associés à l'arsenal de dissuasion stratégique et sont munis de charges nucléaires. D'après La Croix, le M51, missile balistique intercontinental français le plus récent, peut par exemple contenir jusqu'à 10 têtes nucléaires, chacune d'une "puissance de 100 kilotonnes", soit près de sept fois la puissance de la bombe atomique envoyée sur Hiroshima par les Etats-Unis en 1945.

Dans le cas du missile qui aurait été envoyé sur Dnipro il y a quelques heures, l'armée de l'air a assuré à l'AFP que celui-ci "ne portait pas de charge nucléaire". La source ukrainienne n'a cependant pas précisé quelle était l'étendue des dégâts, ni même si le missile avait atteint sa cible.