Ukraine: le groupe Wagner revendique la prise de la partie orientale de Bakhmout
Le groupe paramilitaire russe Wagner a revendiqué mercredi la prise de la partie orientale de Bakhmout, ville au coeur de combats depuis des mois et dont la chute laisserait "la voie libre" à l'armée russe dans l'Est de l'Ukraine selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, est arrivé à Kiev pour son troisième voyage en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, un déplacement dédié à la prolongation de l'accord avec la Russie sur les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire.
"Les unités Wagner ont pris toute la partie orientale de Bakhmout, tout ce qui est à l'est de la rivière Bakhmoutka" traversant la cité, a affirmé dans un message audio le patron de l'organisation paramilitaire, Evguéni Prigojine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré, dans une interview à la télévision américaine CNN diffusée mercredi, que ses troupes étaient résolues à tenir dans la ville.
"J'ai eu une réunion avec le chef d'état-major hier et les commandants militaires en chef (...) et ils ont tous dit que nous devions rester forts à Bakhmout", a-t-il dit, tout en assurant "penser à la vie de nos militaires" dans la localité largement détruite et partiellement assiégée.
Après Bakhmout, les Russes "pourraient aller plus loin. Ils pourraient aller à Kramatorsk, ils pourraient aller à Sloviansk, la voie serait libre" pour eux "vers d'autres villes d'Ukraine", a averti M. Zelensky.
Malgré la défense acharnée des Ukrainiens depuis le début de la bataille pour Bakhmout, en août, la Russie s'est jurée de conquérir de la ville.
Bakhmout "est un noeud important (des lignes) de défense des soldats ukrainiens dans le Donbass", a déclaré mardi le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, affirmant que sa capture permettrait "de nouvelles opérations offensives en profondeur".
- Retrait tactique? -
La bataille de Bakhmout est la plus longue et la plus meurtrière depuis le déclenchement de l'offensive russe en février 2022. Si la valeur stratégique de cette ville est contestée, elle a gagné une importance symbolique, au vu des lourdes pertes subies par les deux camps.
Les spéculations vont bon train depuis des semaines sur un retrait tactique des troupes ukrainiennes de Bakhmout.
Dans son dernier compte-rendu, l'Institut pour l'Etude de la Guerre (ISW) a d'ailleurs estimé que les troupes du Kremlin avaient "vraisemblablement" capturé la partie orientale de Bakhmout, après un "retrait contrôlé" des forces ukrainiennes.
Mais M. Zelensky a récusé tout volonté de céder la cité, ordonnant même mardi d'y envoyer des renforts.
Moscou est à la recherche d'une victoire depuis ses revers cinglants de l'automne, et espère que la chute de la ville pourra lui ouvrir le contrôle de la partie du Donbass, région industrielle de l'Est de l'Ukraine, qui lui échappe encore.
Les troupes de Wagner mènent cette attaque au prix de pertes très importantes, de l'aveu même d'Evguéni Prigojine. En outre, ce dernier est en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire, qu'il accuse de ne pas livrer suffisamment de munitions à ses hommes.
Les Russes semblent contrôler les accès à la ville au nord, au sud et à l'est, ne laissant qu'une route de sortie par l'ouest aux Ukrainiens.
- Livraison de munitions -
Si des observateurs soulignent que la bataille pour Bakhmout a également un coût humain et militaire très important pour Kiev, les Ukrainiens sont déterminés à résister à Bakhmout pour user les forces russes, en prévision d'une contre-offensive qu'ils veulent lancer avec les armements lourds et les blindés modernes promis par les Occidentaux.
Les ministres de la Défense de l'Union européenne sont d'ailleurs réunis mercredi à Stockholm, en présence du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg et de leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, à ce sujet.
L'objectif est de préparer un plan en trois volets de livraisons de munitions à l'Ukraine qui devrait être adopté le 20 mars, lors d'une réunion des chefs de la diplomatie européenne.
En marge de cette réunion, Oleksiï Reznikov a par ailleurs récusé les informations du quotidien américain New York Times qui, citant des sources anonymes dans le renseignement américain, attribue à "un groupe pro-ukrainien" le spectaculaire sabotage des deux gazoducs Nord Stream en mer Baltique en septembre dernier.
"Cela ne vient pas de notre action", a affirmé M. Reznikov.
Le Kremlin, qui accuse les Occidentaux du sabotage, a aussi rejeté ces informations de presse, y voyant d'une tentative de "détourner l'attention" des vrais responsables.
Par ailleurs, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a estimé que la vidéo, devenue virale, d'un soldat ukrainien prisonnier apparemment exécuté par balles après avoir clamé "Gloire à l'Ukraine", "semble authentique".
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