Ukraine, Gaza, attaques contre Donald Trump... Ce qu'il faut retenir du discours d'investiture de Kamala Harris
L'actuelle vice-présidente des États-Unis a accepté ce jeudi 22 août, au dernier jour de la convention démocrate à Chicago, l'investiture de son parti pour la présidentielle de novembre, qui l'opposera à Donald Trump.
"Au nom du peuple, au nom de tous les Américains, au nom de ma mère, au nom de tous ceux qui ont eu une histoire qui ne pouvait s'écrire que dans le plus grand pays du monde, j'accepte votre investiture". Dans son discours de clôture de la convention démocrate de Chicago, Kamala Harris a solennellement accepté l'investiture de son parti pour la course à la Maison Blanche.
Avec gravité et résolution, l'actuelle vice-présidente a promis "d'être la présidente de tous les Américains".
"Vous pouvez toujours me faire confiance pour placer le pays au-dessus du parti et de moi-même, de considérer comme sacrés les principes fondamentaux de l’Amérique", a-t-elle lancé, alors que les sondages lui donnent une légère avance sur Donald Trump dans les intentions de vote au niveau national.
• La future présidente des "classes moyennes"
Dans cette prise de parole, l'essentiel pour la candidate n'était pas de détailler un programme, mais bien de convaincre l'Amérique de sa stature présidentielle. Elle a toutefois esquissé quelques lignes de ce qu'elle mettrait en œuvre s'il elle était élue en novembre prochain.
Kamala Harris a notamment parlé de réformer un système d'immigration "défaillant" ou encore de promouvoir une économie "qui permette à chacun de réussir", se positionnant comme la future présidente des "classes moyennes".
"Nous donnerons accès au capital aux propriétaires de petites entreprises, aux entrepreneurs, et nous mettrons fin à la pénurie de logements aux Etats-Unis (...). Et nous protégerons la Sécurité sociale et l'assurance-maladie", a-t-elle également détaillé.
• "Rétablir la liberté de droits reproductifs"
La candidate démocrate s'est surtout attardé sur un enjeu clé de la campagne présidentielle: le droit à l'avortement. Elle a dénoncé l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade qui a été décidée par la Cour suprême.
"Dans son programme, (Donald Trump) et ses alliés veulent limiter l'accès à la contraception. Il veut revenir sur le droit à l'avortement au niveau national", a mis en garde Kamala Harris.
"Nous faisons confiance aux femmes", a lancé la vice-présidente.
"Et lorsque le Congrès adoptera un projet de loi visant à rétablir la liberté de droits reproductifs, en tant que présidente des États-Unis, je la signerai fièrement", a-t-elle conclut sur ce sujet.
• Soutien réaffirmé à l'Ukraine
Kamala Harris a également promis qu'elle se tiendrait "fermement aux côtés de l'Ukraine. "J'ai contribué à mobiliser une réponse mondiale de plus de 50 pays pour se défendre contre l'agression de Poutine (en tant que vice-présidente, NDLR)", a-t-elle affirmé.
"Et en tant que présidente, je resterai fermement aux côtés de l’Ukraine et de nos alliés de l'OTAN", a promis Kamala Harris.
Elle en a profité pour attaquer son rival Donald Trump. Contrairement à lui, a-t-elle dit, "je ne ferai pas ami-ami avec des tyrans et des dictateurs comme Kim Jong Un, qui soutiennent Trump, car ils savent qu'il est facile à manipuler avec des flatteries et des faveurs, ils savent qu'il ne fera pas rendre des comptes aux autocrates car il veut lui-même être un autocrate".
• Attaques contre Donald Trump
Kamala Harris a évidemment multiplié les attaques à l'encontre de son adversaire républicain. "Nous savons à quoi ressemblerait un second mandat de (Donald) Trump. Tout est écrit dans le Projet 2025", a-t-elle déclaré en référence à un programme ultraconservateur confectionné par des proches du milliardaire dont l'objectif est, selon elle, de "ramener notre pays des années en arrière".
"Nous ne reviendrons pas en arrière", a-t-elle déclaré, un slogan repris en chœur par la foule rassemblée au United Center de Chicago.
"Considérez non seulement le chaos et la calamité lorsqu’il était au pouvoir, mais aussi la gravité de ce qui s’est passé depuis qu’il a perdu la dernière élection", a-t-elle affirmé, référence à son refus d'accepter le résultat des élections de 2020 et à l'invasion du Capitole ensuite.
Dans la foulée, Donald Trump a réagit sur son réseau social Truth, écrivant: "Elle vient d'appeler à donner à tous les clandestins la CITOYENNETÉ, DITES AU REVOIR AUX ÉTATS-UNIS! C'EST UNE MARXISTE RADICALE!".
• "Conclure" un accord de trêve à Gaza
Toujours sur le plan international et géopolitique, Kamala Harris a promis de "conclure un accord pour (libérer) les otages et instaurer un cessez-le-feu" dans la bande de Gaza.
"Je défendrai toujours le droit d'Israël à se défendre, et je veillerai toujours à ce qu'Israël ait la capacité de se défendre", a-t-elle d'abord affirmé
"En même temps, ce qui s'est passé à Gaza au cours des dix derniers mois est catastrophique. Tant de vies innocentes ont été perdues, des personnes désespérées et affamées fuient sans cesse pour se mettre en sécurité. L'ampleur de la souffrance est déchirante", a également ajouté Kamala Harris.
Elle a assuré, qu'aux côtés de Joe Biden, elle travaille "pour mettre fin à cette guerre". "Les otages seront libérés, les souffrances à Gaza cesseront et le peuple palestinien pourra exercer son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l'autodétermination", a-t-elle dit.
• Procureure, "au nom du peuple"
Pour le plus grand discours de sa vie, la Californienne avait choisi comme fil rouge le parcours de sa mère, indienne. "J'ai vu comme le monde la traitait parfois. Mais ma mère n'a jamais perdu son calme. Elle était forte,courageuse", a affirmé la candidate, ajoutant avoir appris d'elle "à ne jamais (se) plaindre de l'injustice, mais à agir contre".
Devant Kamala Harris, la grande majorité des représentants venus de tous les États américains portaient du blanc. Cette couleur, associée aux grands combats politiques des femmes, témoigne de leur espoir de la voir devenir la première femme présidente des États-Unis.
Elle est également longuement revenue sur son parcours personnel et son travail de procureure. "Lorsque j’avais une affaire, je la portais non pas au nom de la victime, mais au nom du peuple, pour une raison simple. Dans notre système judiciaire, un préjudice causé à l’un d’entre nous est un préjudice causé à nous tous", a-t-elle alors raconté.
Après avoir fini son discours, sous la traditionnelle avalanche de ballons aux couleurs de l'Amérique, Kamala Harris est restée sur scène à savourer l'exaltation, rejointe par son mari Doug Emhoff ainsi que par son colistier Tim Walz et des membres de leurs familles.