En Ukraine, des concerts pour oublier les bombes

Dessin d’AREND VAN DAM, Pays-Bas.

Au début de la guerre, la pianiste ukrainienne Marta Koussiy s’est longuement interrogée sur le rôle des artistes en ces temps troublés. À l’époque, des centaines de milliers de personnes avaient fui les bombardements pour trouver refuge dans sa ville, Lviv, dans l’ouest du pays. Mais cette musicienne de la Philharmonie et ses collègues “ne pouvaient rien faire d’autre que faire de la musique”, ce qui pouvait à première vue sembler “égoïste”.

Rapidement, la trentenaire s’est néanmoins rendu compte que “l’artiste peut aussi être utile” dans les périodes difficiles. “Pour moi, dans notre nouvelle réalité, en première ligne, c’est une façon d’apporter un soutien concret, d’aider les gens dans le besoin, explique-t-elle dans un article à la première personne publié par Die Zeit en août 2022. Pendant que mon mari se bat sur le front de l’Est, j’essaie […] de former avec ma musique des îlots de sécurité et de quiétude.”

“Un contact direct entre la musique et le public”

Avec d’autres, l’Ukrainienne s’est mise à organiser, entre deux sirènes d’alarme, des “concerts-rencontres pour les réfugiés”, adaptant à la fois le répertoire et la mise en scène à une audience traumatisée par les bombes. Ils y privilégiaient les morceaux légers aux symphonies dramatiques, “le contact direct entre les musiciens, la musique et le public” plutôt que les grandes scènes froides et impersonnelles.

“Avant tout, les artistes se sont souvenus de leur mission”, assure Marta Koussiy. Au milieu des cartons de médicaments et de produits d’hygiène envoyés par l’Union européenne et entreposés à la Philharmonie de Lviv, ils ont joué pour “aider les spectateurs à faire le tri dans leurs émotions et leurs soucis, ou se libérer de sombres pensées”. Ils ont aussi organisé des événements en plein air ou dans d’autres villes.

“Je suis toujours surprise de voir que les gens veulent venir au concert”, commente la pianiste dans une seconde chronique, publiée en décembre 2022. Cet hiver, même les attaques russes sur les infrastructures énergétiques ne les ont pas empêchés de peupler les salles de spectacle non chauffées, parfois éclairées à la bougie. “Malgré la guerre, l’inflation et toutes les incertitudes sur l’avenir, nous continuons à vivre, à travailler, à lire, à aimer et à rêver – tous les jours.

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