Publicité

Uber et Deliveroo renforcent la protection de leurs chauffeurs

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

PARIS (Reuters) - Uber et Deliveroo ont annoncé mercredi, à l'occasion de la tenue du Sommet "Tech for Good" à l'Elysée, le renforcement de la couverture d'assurance de leurs chauffeurs et coursiers pour tenter de retenir une main d'oeuvre dont les conditions de travail sont critiquées.

Les PDG des deux plateformes font partie de la soixantaine de PDG, start-up et acteurs du numérique conviés à déjeuner ce mercredi par Emmanuel Macron pour discuter de la contribution du secteur au service de l'intérêt général.

Le nouveau dirigeant d'Uber Dara Khosrowshahi, dont c'est la première visite en France, doit également superviser dans l'après-midi un atelier de discussions aux côtés de la ministre du Travail Muriel Pénicaud sur le thème de la technologie et des transformations du travail.

Le plus souvent travailleurs indépendants, les chauffeurs VTC, coursiers et livreurs de ces plateformes travaillent fréquemment pour plusieurs sociétés, en fixant eux-mêmes leurs horaires et leur durée de travail, une forme de travail, sans contrat fixe, qui a essaimé avec l'essor des plateformes collaboratives.

Mais leurs conditions de travail font l'objet de critiques de la part de syndicats et de responsables politiques avec à la clef plusieurs recours en justice.

"Uber ne serait pas l’entreprise qu’elle est aujourd’hui sans les chauffeurs et les coursiers qui sont au coeur de notre service. Mais cela, nous l’avons perdu de vue en cours de route", explique Uber dans un post sur son blog.

"Nous croyons que nos partenaires méritent d’être protégés quand la vie (ou le travail) ne se déroule pas totalement comme prévu", ajoute le géant américain des véhicules de transport avec chauffeur (VTC).

Dans le détail, Uber qui proposait jusque-là en France une couverture accident, va élargir le dispositif pour inclure des protections en dehors des courses, en cas d'arrêt de travail lié à une blessure ou une maladie ou en cas d'événements de la vie comme une naissance.

Gratuit et financé par Uber, ce dispositif sera étendu à 21 pays en Europe pour concerner au total quelque 150.000 indépendants, dont 35.000 en France, sous certaines conditions.

Uber n'a pas précisé le coût de cette nouvelle couverture conclue avec l'assureur français Axa, indiquant seulement qu'il s'agissait d'un investissement "significatif".

Ce renforcement prévu en Europe à partir du 1er juin renforce l'écart avec les Etats-Unis où la couverture est optionnelle, payante et n'inclut pas la protection en dehors des courses.

DELIVEROO VA INVESTIR EN FRANCE

Deliveroo, société spécialisée dans la livraison de repas à domicile, a de son côté annoncé l'extension à l'ensemble de ses coursiers dans le monde une assurance gratuite couvrant les accidents et la responsabilité civile.

L'élargissement de cette couverture, dont bénéficiait déjà les coursiers dans l'Hexagone, représente un investissement de 10 millions d'euros, a indiqué la société britannique.

Elle a par ailleurs annoncé un plan d'investissement de 100 millions d'euros au cours des prochaines années en France, où elle est implantée depuis 2015, afin d'augmenter notamment le nombre de villes où elle est présente.

La compétition s'intensifie entre les plateformes, de plus en plus nombreuses dans l'Hexagone, pour recruter ces indépendants, en particulier les chauffeurs VTC, auxquels la loi impose désormais le passage d'un examen, critiqué pour sa difficulté.

En France, Uber s'est notamment mis à dos une partie des chauffeurs en augmentant la commission qu'il prélève tout en abaissant le prix minimal d'une course.

Dans la tourmente après des accusations de harcèlement sexuel au sein de l'entreprise et des conflits avec plusieurs grandes capitales, le groupe a engagé depuis plusieurs mois une opération de reconquête, notamment vis à vis de ses chauffeurs.

(Avec Jean-Baptiste Vey, édité par Jean-Michel Bélot)