Tzvetan Todorov : «Les insoumis refusent de céder à l’adversaire, mais aussi à leurs propres démons»

Tzvetan Todorov : «Les insoumis refusent de céder à l’adversaire, mais aussi à leurs propres démons»

Dans «Insoumis», l’historien dresse une galerie de portraits de résistants en solo. Germaine Tillion, Malcolm X, Nelson Mandela ou Edward Snowden… Ces rebelles ont refusé de passer pour des modèles, tout en pointant des voies de contestation singulières.

Tzvetan Todorov consacre son dernier livre, publié cet automne, à l’insoumission. Bien loin de l’idéologie communiste de sa Bulgarie natale comme du nouveau messianisme des «guerres humanitaires», l’historien met en exergue des combats individuels. Des formes morales d’engagement qui ont fini par jouer un rôle politique dans l’espace public. De Boris Pasternak à Alexandre Soljenitsyne, les insoumis de Todorov «ne sont pas des conquérants», ils ne cherchent pas à bâtir une société idéale, mais ils refusent «la force qui veut les soumettre». «Ces combattants ne s’engagent pas sur le champ de bataille, où ils seraient vite battus», écrit Todorov. Une galerie de portraits qui prend une tonalité particulière dans une France qui se vit aujourd’hui en guerre.

Quelle serait votre définition de l’insoumission ?

L’exergue que j’ai choisi pour Insoumis est une phrase de Germaine Tillion : «Pour moi la résistance consiste à dire non, mais dire non c’est une affirmation…» Cette capacité de dire non quand tout le monde dit oui me semble être le point de départ de l’insoumission. Quand je dis tout le monde, il s’agit d’une grande majorité, qui inclut celui qui vous parle et qui souhaiterait pouvoir dire non plus souvent. Mais nous sommes tous un peu conformistes et nous nous soumettons la plupart du temps (photo Martin Bureau. AFP).

Vous ouvrez votre livre par le portrait d’Etty Hillesum, née dans une famille juive d’Amsterdam. Sa résistance, quasi mystique, consiste avant tout à refuser toute haine envers les nazis et à croire en la beauté de la vie, même dans le camp de Westerbork, où transitent les convois vers Auschwitz…

Etty Hillesum est un personnage à part. Elle ne se soucie d’aucune perspective politique, elle veut (...)

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