Publicité

Tusk mis en cause à Varsovie pour l'accident aérien de Smolensk

VARSOVIE (Reuters) - Le ministre polonais de la Défense a accusé le président du Conseil européen, Donald Tusk, de s'être entendu avec Vladimir Poutine pour nuire aux intérêts de la Pologne après l'accident aérien ayant coûté la vie au président Lech Kaczynski et à 95 autres personnes en 2010. Le ministère de la Défense a informé lundi le ministère public qu'il soupçonnait Donald Tusk, à l'époque Premier ministre, "d'abus de confiance dans les relations extérieures". Une porte-parole du ministère public a confirmé cette formulation qui s'apparente à une accusation de trahison. Le ministre, Antoni Macierewicz, a déclaré à la Gazeta Polska Codziennie : "Tusk a signé un contrat illégal avec Vladimir Poutine au détriment de la Pologne et doit en assumer la responsabilité." L'ancien Premier ministre polonais a réagi en estimant que ces accusations relevaient "d'émotions et d'obsessions". Dans des commentaires transmis par courriel, il ajoute qu'il n'est pas de sa compétence "de commenter sur des cas de ce genre". Les faits reprochés à Donald Tusk couvrent une période allant du 10 avril 2010, date de l'accident près de la ville russe de Smolensk, à 2014, année lors de laquelle l'ancien chef de l'exécutif polonais est devenu président du Conseil européen. Selon Antoni Macierewicz, Donald Tusk a confié le contrat de maintenance du Tupolev Tu-154 à un "ami" de Poutine. "Ce n'est pas de la négligence, c'est un délit pénal", a-t-il estimé. Donald Tusk s'est toujours défendu de porter la moindre responsabilité dans l'accident qui selon une enquête officielle est dû à une erreur de pilotage. Le président du Conseil européen a été reconduit à son poste le 9 mars en dépit de l'hostilité de Varsovie, qui l'accuse d'ingérence dans la vie publique nationale. Jaroslaw Kaczynski, chef de file du parti Droit et Justice (PiS, au pouvoir), juge Donald Tusk "moralement responsable" de la mort de son frère jumeau Lech dans l'accident. (Lidia Kelly, avec Gabriela Baczynska à Bruxelles, Nicolas Delame et Gilles Trequesser pour le service français)