Merkel s'indigne du maintien en détention d'un Allemand en Turquie

ANKARA (Reuters) - La chancelière Angela Merkel a jugé mardi le maintien en détention d'un militant allemand des droits de l'homme arrêté en Turquie "absolument injustifié". Peter Steudtner a été interpellé le 5 juillet avec Idil Eser, directrice d'Amnesty International en Turquie, et huit autres militants, alors qu'ils participaient à un atelier sur la sécurité numérique et la gestion de l'information près d'Istanbul. Ils doivent être jugés pour "commission d’un crime au nom d'une organisation terroriste sans en être membre". Le ministère public avait requis lundi leur maintien en détention dans l'attente de leur procès. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet pour six membres du groupe et a ordonné la libération des quatre autres, selon le quotidien Hurriyet. "Nous sommes fermement convaincus que cette arrestation est absolument injustifiée. Nous, gouvernement allemand, la condamnons. Nous lui exprimons notre solidarité comme à toutes les autres personnes arrêtées et le gouvernement allemand fera tout son possible, à tous les niveaux, pour obtenir sa libération", a déclaré Angela Merkel, lors d'une rencontre avec des athlètes de haut niveau. Le cas de Peter Steudtner vient s'ajouter à celui du journaliste germano-turc Deniz Yucel, correspondant de Die Welt, arrêté en février pour diffusion de propagande terroriste, et à une longue série de tensions diplomatiques entre Berlin et Ankara. Amnesty International a également protesté vivement mardi. "Le parquet turc a eu 12 jours pour établir l'évidence, à savoir que ces dix militants sont innocents. La décision de poursuivre montre que la vérité et la justice sont devenus de parfaits étrangers en Turquie", a déclare le secrétaire général de l'organisation basée à Londres, l'Indien Salil Shetty. "Ce n'est pas une enquête valable. C'est une chasse aux sorcières politiquement motivée qui dessine un avenir alarmant pour les droits de l'Homme en Turquie", a-t-il ajouté. Plus 150.000 personnes ont été limogées ou suspendues dans la fonction publique comme le secteur privé et 50.000 arrêtées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016, imputé au prédicateur Fethullah Gülen, qui vit en exil aux Etats-Unis. (Tuvan Gumrukcu et Ece Toksabay; Danielle Rouquié et Jean-Philippe Lefief pour le service français)