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Turquie: Le parti pro-kurde lance un mouvement de protestation

L'opposition parlementaire turque pro-kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), a lancé mardi un mouvement de protestation contre l'emprisonnement d'un grand nombre de ses élus pour leurs liens supposés avec les séparatistes kurdes. /Photo prise le 25 juillet 2017/REUTERS/Sertac Kayar

DIYARBAKIR, Turquie (Reuters) - L'opposition parlementaire turque pro-kurde, le Parti démocratique des peuples (HDP), a lancé mardi un mouvement de protestation contre l'emprisonnement d'un grand nombre de ses élus pour leurs liens supposés avec les séparatistes kurdes. Le gouvernement turc accuse le HDP d'être lié aux séparatistes kurdes Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui a lancé un mouvement d'insurrection contre l'Etat turc il y a plus de 30 ans. Le HDP dément de tels liens. Onze députés du HDP sont en détention provisoire, ainsi que plus de 70 maires du parti lié au HDP dans le Sud-Est, sur des accusations liées au terrorisme. Leurs municipalités ont été reprises par des représentants de l'Etat. Plusieurs milliers de membres du parti ont également été arrêtés. Le HDP prévoit de mener des mouvements de protestation ininterrompus à Istanbul, à Van, dans le sud-est, et dans le port d'Izmir, dans l'ouest du pays. "Le fascisme ne pourra être stoppé que par une lutte démocratique. C'est notre message. Nous serons là pendant sept jours 24 heures sur 24", a déclaré aux journalistes le porte-parole du HDP, Osman Baydemir. "Pas de violence, pas d'animosité, nous ne faisons que croire que nous n'avons pas cédé au fascisme." Le mouvement de protestation doit durer jusqu'au 4 novembre, anniversaire de l'arrestation de ses co-dirigeants Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag. Mardi, dix parlementaires du HDP se sont rassemblés dans un parc public de Diyarbakir, la grande ville du Sud-Est kurde, sous la surveillance de plusieurs centaines de policiers, avec véhicules blindés et canons à eau. Selon le HDP, la police avait dans un premier temps autorisé la manifestation, pour ensuite bloquer certains secteurs du parc et n'en autoriser l'accès qu'à une partie, en plein soleil. Dans un communiqué, le HDP précise qu'un petit nombre seulement de ses membres ont réussi à pénétrer dans le parc. "Le blocus de ce parc est le signe de ce qui se passe réellement en Turquie (...)", a déclaré Osman Baydemir. "Un parti politique qui a obtenu 70% des voix (à Diyarbakir) ne peut pas organiser la réunion de son groupe dans le parc." Le mouvement du HDP prend le relais de la marche de 25 jours organisée d'Ankara à Istanbul par le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, laïc) et son chef, Kemal Kiliçdaroğlu, pour protester contre la répression qui s'est abattue sur les personnes soupçonnées d'avoir soutenu le coup d'Etat manqué du 16 juillet 2016. Plus de 50.000 personnes ont été arrêtées et attendent d'être jugées et 150.000 ont été suspendues ou démises de leurs fonctions depuis l'état d'urgence instauré peu après la tentative de putsch. (Daren Butler et Tuvan Gumrukçu; Danielle Rouquié pour le service français)