Au Turkménistan, le président inaugure une immense statue en or à l'effigie de son chien

Happy birthday Mr President (Photo by Alexei Druzhinin/Russian Presidential Press and Information Office/Anadolu Agency/Getty Images)
Happy birthday Mr President (Photo by Alexei Druzhinin/Russian Presidential Press and Information Office/Anadolu Agency/Getty Images)

C’est un pays financièrement exsangue, et pourtant. Le président turkmène a inauguré ce mardi 10 novembre une statue géante de son chien fétiche, censé symboliser l’unité nationale du pays.

Connaissez-vous l’Alabaï ? Vous devriez : ce berger d’Asie centrale a désormais sa statue à Achgabat, capitale du Turkménistan. Une effigie en or, mesurant 6 mètres de haut, avec un écran LED sur le socle pour diffuser des clips façon 30 millions d’amis. Le tout a été inauguré très officiellement ce mardi par le président Gourbangouli Berdimoukhamedov, au cœur d’un nouveau quartier résidentiel. Le but, en faire un symbole national, à l’égal du cheval Akhal-Teke.

Un symbole sur pattes

Ce n’est pas la première fois que le président Berdimoukhamedov met en avant l’alabaï. Il a déjà écrit un poème et un livre sur le canidé. Dans ce dernier, il explique par exemple que les premiers turkmènes voyaient “dans le cheval leur rêve, et dans l'alabaï leur bonheur”. Derrière ce qui peut ressembler à une bizarrerie folklorique, un objectif : créer des racines à une nation récente, fondée par l’URSS et maintenue par un président tout-puissant, lui-même auréolé d’un culte de la personnalité bien orchestré. Alors que l’Asie centrale est historiquement une terre parcourue par des bergers nomades, le président tente d’établir l’existence d’un peuple turkmène sur un territoire aux frontières bien délimitées.

Reste que le Turkménistan est surtout une dictature, vivant en quasi-autarcie et en proie à une crise économique majeure. Ce qui n’empêche pas le mégalomane Berdimoukhamedov d’inaugurer de riches quartiers d’habitations, dotés de centre commerciaux et de larges avenues, de salles de cinéma et de sports, le tout érigé sous la houlette de son fils, ministre de l’industrie et de la construction.

Quant à l’alabaï, le nouveau symbole national est interdit d’exportation depuis le Turkménistan. Il est parfois offert aux dignitaires étrangers venant rendre hommage aux immenses réserves de gaz naturel turkmènes. Vladimir Poutine, lui, en a reçu un en cadeau pour ses 65 ans, en 2017.

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