«En Tunisie, on ne peut pas obtenir justice face à des policiers»

«Le viol est une malédiction et l'ignorer est encore pire» : démonstration de solidarité à l'extérieur du tribunal où étaient jugés les agresseurs de Meriem Ben Mohammed, à Tunis, le 31 mars.

Pour la première fois, une jeune fille osait faire condamner ses violeurs. A l'issue du procès, hier, sa moralité a été mise en cause, et ses agresseurs condamnés à sept ans de prison seulement.

Le jugement est tombé dans la soirée, lundi. Comme bien souvent en Tunisie, plus personne, ni les accusés, ni la victime, ni les avocats, n’était présent au tribunal. Les deux policiers accusés d’avoir violé une jeune femme ont été condamnés à sept ans de prison. Poursuivi pour avoir soutiré de l’argent à son petit copain, le troisième a écopé de deux années d'enfermement, assorties d’une amende.

Les faits remontent au mois de septembre 2012. Meriem et Ahmed (des pseudonymes) se trouvent dans leur voiture, dans la banlieue de Tunis, lorsqu’une patrouille de police arrive. L’un des policiers conduit Ahmed au distributeur pour lui faire retirer un bakchich, pendant que les deux autres violent Meriem, selon le récit des deux victimes. Depuis, la jeune femme se bat pour obtenir justice. Il a d’abord fallu batailler pour que sa plainte soit enregistrée. Puis faire face aux accusations des agents, qui disent l’avoir trouvée «dans une position indécente», comme le balancera publiquement le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Un temps menacé de poursuites pour «atteinte aux bonnes mœurs», le jeune couple a finalement obtenu un non-lieu.

«C’est comme une condamnation pour ma cliente»

L’annonce du jugement a été un nouveau choc pour Meriem et ses soutiens : «Ce n’est rien, sept ans ! Je m’attendais à la peine de mort ou l’emprisonnement à vie. Ce jugement montre qu’en Tunisie, on ne peut pas obtenir justice face à des policiers», réagit Meriem, contactée par téléphone. «Sept ans, ce n’est pas suffisant pour un crime aussi lourd. C’est comme une condamnation pour ma cliente», abonde Emna Zahrouni, l’avocate mandatée par l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). D’habitude, selon elle, les condamnations pour viol en Tunisie tournent plutôt autour de 15 ans. Dans (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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