En Tunisie, Kaïs Saïed change de Premier ministre : “Pour quoi faire ? ”

Un an et six jours. C’est la durée du mandat d’Ahmed Hachani en tant que Premier ministre tunisien avant son limogeage – sans justifications officielles – par le président, Kaïs Saïed, mercredi 7 août. “Une période durant laquelle il n’a rien accompli et n’a tenu aucune de ses promesses formulées devant l’Assemblée”, tacle férocement le site tunisien Business News.

“Jamais dans l’histoire de la Kasbah [quartier de Tunis où est situé le palais du gouvernement, le Dar-el-Bey], un chef de gouvernement n’a été aussi insignifiant qu’Ahmed Hachani”, continue le titre, sans pitié, qui reproche, entre autres, à l’homme de 67 ans son “fayotage à l’extrême, ses fiches PowerPoint rédigées en langue de bois et remplies de contrevérités”.

Business News se livre également à un décompte des Premiers ministres “usés” par Kaïs Saïed depuis son élection, en 2019. Au total, avec la dernière nomination, ce sont cinq chefs de gouvernement qui se sont succédé, “dont trois depuis le coup de force de juillet 2021”, par lequel le président, aujourd’hui âgé de 66 ans, avait, après plusieurs mois de blocage politique, limogé le Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre.

Un nouveau Premier ministre juste de passage ?

Ahmed Hachani a été remplacé par Kamel Madouri, qui présente un profil plutôt technique – il s’agit d’un ancien président de la Caisse nationale d’assurance maladie – et était jusqu’ici ministre des Affaires sociales. Alors que Hachani n’était “pas assez politique”, d’après le portail d’information Kapitalis, Madouri présenterait une “fibre sociale” bien utile au chef de l’État, notamment en vue de l’élection présidentielle du 6 octobre prochain.

Un scrutin que Kaïs Saïed, dont les tendances autoritaires sont de plus en plus marquées ces dernières années, aborde sans rivaux sérieux après la disqualification, le 5 août, au prétexte de motifs judiciaires parfois contestables, de dix candidats à la magistrature suprême.

Dans ce contexte, Kamel Madouri a donc peu de chances de faire de vieux os à la Kasbah, analyse Kapitalis, car, “habituellement, les présidents de la République entament un nouveau mandat avec un nouveau Premier ministre”. Ce qui fait dire au site tunisien : “Un nouveau Premier ministre pour quoi faire ?”

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