Tsipras propose un congrès à Syriza et suggère un référendum

par Renee Maltezou et Angeliki Koutantou ATHENES (Reuters) - Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a proposé jeudi, devant le comité central de Syriza, la tenue d'un congrès extraordinaire en septembre afin de surmonter les divisions au sein du parti de gauche, exacerbées par les mesures d'austérité acceptées sous la contrainte par son gouvernement. Il n'a pas non plus écarté le principe d'un référendum dès dimanche sur la stratégie de Syriza, tout en mettant en garde contre toute décision hâtive. Le chef du gouvernement de gauche doit faire face à la fronde de l'aile gauche de son parti face aux mesures d'austérité qu'il a été contraint d'accepter le 13 juillet sous la pression des créanciers pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro. "Je propose au comité central de tenir un congrès extraordinaire pour débattre de notre stratégie face aux conditions du renflouement", a-t-il déclaré. "Mais il y a un autre point de vue, qui est respectable, qui est de ne pas accepter l'analyse du gouvernement et de penser qu'il existait une alternative aux premières heures du 13 juillet." "Si c'est le cas, (...) alors je suggère que le parti organise un référendum sur cette question cruciale." Une décision sur un congrès ou sur un référendum devrait être prise dans la soirée. A son arrivée dans un vieux cinéma du centre d'Athènes où se sont réunis les quelque 200 membres du comité central de Syriza, la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovasili, a déclaré aux journalistes que deux stratégies différentes cohabitaient aujourd'hui au sein de Syriza. "L'une veut que la Grèce reste dans l'euro, l'autre veut sortir de l'euro. Ces deux (stratégies) ne peuvent pas coexister au niveau gouvernemental." DIVORCE ? La Plateforme de gauche, qui ressemble l'aile la plus à gauche de Syriza, réclame l'abandon immédiat des discussions avec les créanciers et la tenue d'un congrès ordinaire pour fixer la ligne du parti. L'un de ses représentants, Roudi Rinaldi, a accusé Syriza de tourner le dos à ses principes. "Le rapport entre le peuple et Syriza en a souffert. Syriza, comme parti, est en train de changer et s'éloigne de ses promesses électorales", a-t-il dit. Le vice-Premier ministre Yiannis Dragasakis a répliqué que les "frondeurs" se comportaient comme s'ils formaient un parti à l'intérieur du parti. Il s'est demandé si le temps n'était pas venu d'en tirer les conclusions et de se séparer. "On récolte ce qu'on a semé et j'espère que nous nous dirigeons vers une refondation d'un nouveau parti", a-t-il lancé. Un congrès ordinaire favoriserait l'aile gauche car il rassemblerait les mêmes participants qu'il y a deux ans, alors qu'un congrès extraordinaire permettrait à Alexis Tsipras de faire venir de nouveaux adhérents et de tabler sur le fort soutien populaire dont il bénéficie. Dans une interview à la radio mercredi, Alexis Tsipras a déclaré qu'il pourrait être contraint d'organiser des élections législatives anticipées s'il ne disposait plus de la majorité nécessaire au Parlement. La Grèce espère boucler avant le 20 août, jour d'une importante échéance de remboursement à la Banque centrale européenne (BCE), ses négociations avec les créanciers sur un troisième plan d'aide, qui pourrait atteindre 86 milliards d'euros. "Notre priorité est l'accord (de renflouement). Après, nous pourrons nous occuper des problèmes du parti", a déclaré Olga Gerovasili. Selon le Financial Times, des experts du Fonds monétaire international auraient recommandé mercredi à la direction du FMI, pour l'instant, de ne pas participer aux négociations sur un troisième plan de renflouement tant que la Grèce n'aura pas démontré son engagement sur les réformes et conclu un accord avec ses partenaires européens sur une restructuration de sa dette. (Avec Deepa Babington, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)