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Israël lance une offensive terrestre à Gaza, le bilan s'alourdit

L'armée israélienne a intensifié vendredi l'offensive terrestre lancée jeudi dans la bande de Gaza, mobilisant artillerie, chars d'assaut et infanterie pour tenter de porter un nouveau coup aux forces du Hamas. /Photo prise le 18 juillet 2014/REUTERS/Ronen Zvulun

par Nidal al-Mughrabi et Jeffrey Heller GAZA/JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a intensifié vendredi son offensive terrestre dans la bande de Gaza, mobilisant artillerie, blindés et infanterie pour tenter de porter un nouveau coup aux forces du Hamas. L'opération, lancée jeudi soir après dix jours de bombardements qui n'ont pas permis de faire cesser les tirs de roquettes sur le territoire israélien, a fait 58 morts parmi les Palestiniens, dont un nourrisson, huit enfants et une septuagénaire selon les autorités médicales sur place, ainsi qu'un mort dans les rangs de l'armée israélienne. Depuis qu'elles ont commencé, le 8 juillet, les hostilités ont fait au total 291 morts - des civils, pour la plupart - chez les Palestiniens, et deux du côté israélien, un civil et un militaire apparemment victime d'un "tir ami". Une centaine de roquettes tombent chaque jour sur le sud d'Israël et dans le secteur de Tel Aviv, sa capitale économique. Les tirs se sont poursuivis vendredi, sans faire ni victimes ni dégâts. L'armée israélienne a déclaré avoir tué 17 hommes armés palestiniens, ajoutant que 13 autres s'étaient rendus. Plusieurs soldats israéliens ont été blessés lors de ces opérations, qui ont visé 150 cibles, parmi lesquelles 21 sites de lancement de roquettes et quatre tunnels, a déclaré l'armée. Tsahal a ajouté qu'elle était en train de rappeler 18.000 réservistes, en plus des 30.000 déjà mobilisés. Selon des habitants de la bande de Gaza, les forces israéliennes ont pénétré de quelques centaines de mètres dans le nord de la bande de Gaza, un peu plus profondément dans le sud de l'enclave. L'offensive terrestre d'Israël a été lancée après plusieurs tentatives avortées de cessez-le-feu négociées par l'Egypte. FABIUS EN APPELLE AU QATAR En visite au Proche-Orient, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a demandé au Qatar d'user de son influence sur le Hamas afin de parvenir à une trêve. Mais un responsable du ministère israélien de la Défense, Amos Gilad, qui a discuté avec les Egyptiens du plan de cessez-le-feu négocié au Caire, juge inutile de s'adresser au Qatar. "Il est important que le Qatar comprenne qu'une autre initiative ne servirait à rien", a-t-il dit sur la chaîne israélienne Channel 10. "Soyons réalistes - qui est voisin de Gaza, le Qatar ou l'Egypte ?", a-t-il ajouté. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a déclaré que son gouvernement oeuvrait à définir un cadre susceptible d'être accepté par les deux parties. "Nous avons décidé de lancer cette opération après avoir épuisé les autres options et avoir conclu que, sans elle, nous pourrions payer un plus lourd tribut", a déclaré à la presse le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. "Le but principal est de rétablir le calme", a-t-il ajouté avant une réunion avec ses ministres au quartier-général de l'armée, à Tel Aviv. "J'ai donné pour instruction de se préparer à la possibilité d'intensifier de façon significative l'offensive terrestre, et l'armée agit en conséquence", a-t-il précisé, sans en dire plus sur la forme que pourrait prendre cette intensification. Selon le gouvernement israélien, l'offensive vise à détruire les tunnels qui permettent aux membres de groupes armés palestiniens de s'infiltrer sur le territoire de l'Etat hébreu. Il ne s'agit pas, précise-t-on en Israël, de renverser le Hamas, qui administre seul la bande de Gaza depuis juin 2007. Baptisée "Plomb durci", la précédente opération terrestre de Tsahal dans l'enclave, menée entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009, avait coûté la vie à 1.400 Palestiniens et à 13 Israéliens. "CONSÉQUENCES ÉPOUVANTABLES" Le Hamas a affirmé que ses combattants avaient repoussé des troupes israéliennes dans la ville de Beït Hanoun, située dans le nord de la bande de Gaza, et blessé à cette occasion sept soldats. "Nous mettons Netanyahu en garde contre les conséquences épouvantables d'un acte aussi stupide", a déclaré à Reuters Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement islamiste. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, qui se rendra samedi au Proche-Orient pour participer aux efforts de paix, a exhorté Israël à "faire beaucoup plus pour faire cesser les pertes civiles" dans la bande de Gaza, où vivent 1,8 million de personnes. Les Nations unies condamnent les tirs de roquettes de la bande de Gaza en direction d'Israël mais s'inquiètent de la "lourde riposte" militaire israélienne, a déclaré devant le Conseil de sécurité, réuni en urgence, Jeffrey Feltman, sous-secrétaire général de l'Onu chargé des affaires politiques. Le pape François a téléphoné au président israélien, Shimon Peres, et au président palestinien, Mahmoud Abbas, pour leur exprimer ses "très graves inquiétudes". A Washington, Barack Obama a dit avoir appelé Benjamin Netanyahu pour lui exprimer le soutien des Etats-Unis à l'autodéfense d'Israël tout en avertissant contre les risques d'escalade et de nouvelles pertes civiles. "Les deux parties doivent accepter des compromis douloureux mais nous nous tenons aux côtés d'Israël en ce qui concerne son autodéfense", a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel. (Avec Noah Browning à Gaza, Michelle Nichols à New York, John Irish au Caire, Jean-Philippe Lefief, Simon Carraud, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français)