Trump dévoile une nouvelle politique d'immigration fondée sur le mérite

Donald Trump a exposé jeudi son projet de refonte de la politique d'immigration des Etats-Unis, avec renforcement de la sécurité aux frontières et mise en place d'un système favorisant les travailleurs étrangers parlant anglais et disposant d'une offre d'emploi. /Photo prise le 14 mai 2019/REUTERS/Leah Millis

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a exposé jeudi son projet de refonte de la politique d'immigration des Etats-Unis, avec renforcement de la sécurité aux frontières et mise en place d'un système favorisant les travailleurs étrangers parlant anglais et disposant d'une offre d'emploi.

Cette refonte de la politique d'immigration, pensée en grande partie par les principaux conseillers du président américain - dont son gendre Jared Kushner et Stephen Miller -, a guère de chance de passer l'obstacle de la Chambre des représentants, où les démocrates sont majoritaires depuis janvier.

Mais elle vise à rassembler le Parti républicain à l'approche des élections présidentielle et législatives de 2020 sur une question qui a souvent été source de divisions.

"Si pour certaines raisons, peut-être politiques, nous ne pouvons faire approuver par les démocrates ce plan basé sur le mérite et à haute sécurité, alors nous le ferons adopter immédiatement après les élections lorsque nous aurons repris la Chambre, conservé le Sénat et, bien sûr, tiendrons la présidence", a dit Trump dans un discours prononcé dans la Roseraie de la Maison blanche.

Depuis des décennies, les lois en matière d'immigration aux Etats-Unis donnent priorité au rapprochement familial, et chaque année près de deux-tiers des récipiendaires de la "green card" (la carte de résident permanent) sont des proches de personnes résidant déjà aux Etats-Unis.

Le projet de Trump prévoit un niveau constant d'immigration, avec 1,1 million d'arrivées par an, mais une révision à la baisse, d'un tiers, des titres de résidence accordés sur des bases familiales.

A la place, priorité serait donnée aux immigrés qualifiés qui disposent d'une offre d'emploi aux Etats-Unis.

Un durcissement des contrôles aux frontières et la construction de nouvelles barrières à la frontière Sud sont également prévus par cette réforme.

Le sort des migrants qui arrivent en "caravanes" depuis l'Amérique centrale, un point sensible du débat sur l'immigration, n'est pas abordée dans le projet. Le sort des "Dreamers" - des migrants arrivés illégalement aux Etats-Unis avec leurs parents alors qu'ils étaient mineurs -, non plus.

Kushner et les autres conseillers du président républicain ont étudié les politiques migratoires de pays comme le Canada, le Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour y trouver des éléments sur la manière d'orienter l'immigration vers les travailleurs qualifiés et non plus le rapprochement familial.

Ils ont établi que seulement 12% de l'immigration aux Etats-Unis était fondée sur l'emploi et les qualifications, contre 63% au Canada, 52% au Japon, 57% en Nouvelle-Zélande et 68% en Australie.

En donnant la priorité aux immigrants diplômés, maîtrisant l'anglais et disposant d'une offre d'emploi, le projet permettra d'attribuer plus de la moitié (57%) des "green cards" à des travailleurs qualifiés, estiment les représentants.

(Steve Holland et Roberta Rampton; Jean Terzian et Henri-Pierre André pour le service français)