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COR-Trump propose d'armer les enseignants pour empêcher les massacres

par Katanga Johnson et Zach Fagenson

WASHINGTON/TALLAHASSEE, Floride (Reuters) - Bien lire "dans un établissement scolaire" au 4e paragraphe

Donald Trump a promis mercredi de se montrer "très dur" sur un certain nombre de mesures destinées à empêcher les massacres dans les écoles et a suggéré comme piste possible d'armer les enseignants et d'autres personnels des établissements scolaires.

Le président des Etats-Unis a repris à son compte cette proposition de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes, au moment où des centaines de personnes, dont des survivants de la dernière tuerie de Parkland, en Floride, défilaient dans les rues Tallahassee une semaine après la mort de 17 lycéens.

A Washington, Chicago et Pittsburg, notamment, d'autres manifestations de soutien ont été organisées mercredi.

La tragédie, la 18e du genre depuis le début de l'année aux Etats-Unis, mais la plus meurtrière dans un établissement scolaire public depuis celle de l'école élémentaire Sandy Hook à Newtown, dans le Connecticut, en décembre 2012, a relancé le débat sur le contrôle des ventes d'armes à feu.

Le meurtrier de Parkland est un jeune homme de 19 ans, Nikolas Cruz, qui avait pu légalement se procurer des armes lorsqu'il était devenu majeur, l'an passé.

Des voix se sont élevées pour interpeller Donald Trump sur ce sujet. Le président américain, fervent défenseur du second amendement de la Constitution qui garantit le droit du port d'arme, a organisé une "réunion d'écoute" avec des parents, des élèves et des enseignants mercredi à la Maison blanche.

En leur présence, il s'est engagé à durcir les règles entourant la vérification des antécédents judiciaires et psychiatriques des acquéreurs d'armes à feu.

"Nous allons être très durs en ce qui concerne la vérification des antécédents, nous sommes très durs en ce qui concerne la vérification des antécédents, (nous allons) être très durs sur la santé mentale", a-t-il déclaré.

"Nous n'allons pas nous contenter de blabla comme dans le passé", a-t-il ajouté.

Mais Donald Trump s'est aussi dit favorable à ce que les enseignants et d'autres membres du personnel puissent être armés, à condition qu'ils reçoivent un entraînement adéquat, et à ce qu'il soit mis fin à la règle selon laquelle il ne doit y avoir aucune arme près des écoles.

"UNE SEULE TUERIE AURAIT DÛ SUFFIRE"

"Si un professeur... avait été un amateur d'armes à feu, cela aurait pu mettre fin à l'attaque très rapidement", a argumenté Donald Trump tout en admettant qu'il s'agissait d'une idée "controversée".

Présent lors de la rencontre, le père de Meadow Pollack, 18 ans, une des victimes de la tuerie de Parkland, avait déclaré plus tôt au président "qu'une seule tuerie dans une école aurait dû suffire pour que le problème soit résolu".

Le choc provoqué par la tuerie a une nouvelle fois mobilisé les partisans d'une réforme de l'accès aux armes à feu et des appels ont été lancés pour une marche nationale le 24 mars à Washington, baptisée "March for our Lives" ("Marche pour nos vies") et lancée par des lycéens de Parkland et d'ailleurs.

"La marche sur Washington va être gigantesque mais toutes les autres manifestations sont importantes", a commenté Cameron Kasky, lycéen de Parkland et organisateur du rassemblement.

Des manifestants ont tenté de remettre une pétition aux services du gouverneur de Floride, Rick Scott, mais ils ont été éconduits.

"Ce qui s'est produit à Parkland est une tragédie, mais c'est une tragédie que l'on aurait pu éviter", a commenté Elianna Cooper, étudiante à l'université de Floride.

"Il y a des choses que nos élus pourraient faire, mais ils refusent le dialogue", a-t-elle déploré.

Selon un sondage pour le Washington Post et ABC News publié mardi, 77% des Américains estiment que le Congrès n'agit pas suffisamment pour empêcher les massacres de masse. Ils sont 62% à juger que Donald Trump n'intervient pas suffisamment sur ce sujet.

Pour l'instant, le président américain a seulement envisagé une restriction sur les "bump stocks", mécanisme qui transforme les armes semi-automatiques en armes automatiques.

La mobilisation des jeunes Américains contre les armes a obtenu le soutien de plusieurs figures d'Hollywood dont l'acteur George Clooney et sa femme Amal qui ont promis 500.000 dollars pour organiser la marche sur Washington.

Le réalisateur Steven Spielberg et la présentatrice de télévision Oprah Winfrey ont chacun offert une somme identique.

(Pierre Sérisier, Nicolas Delame et Tangi Salaün pour le service français)