Trump privilégie la diplomatie dans le dossier nord-coréen

Donald Trump estime qu'un conflit majeur avec la Corée du Nord est possible en raison des tensions entourant les programmes nucléaire et balistique du pays communiste, mais il entend privilégier une approche diplomatique du différend. /Photo prise le 26 avril 2017/Handout via REUTERS/KCNA

par Steve Holland et David Brunnstrom WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump estime qu'un conflit majeur avec la Corée du Nord est possible en raison des tensions entourant les programmes nucléaire et balistique du pays communiste, mais il entend privilégier une approche diplomatique du différend. "Il est possible que nous finissions par avoir un conflit majeur avec la Corée du Nord (...)", a déclaré le président américain dans le cadre d'un entretien accordé à Reuters jeudi juste avant le centième jour de sa présidence ce samedi. L'homme d'affaires devenu président a cependant souligné qu'il voulait une résolution pacifique d'un dossier qui a empoisonné les mandats de nombre de ses prédécesseurs. Pour y aboutir sans passer par les armes, Donald Trump et son administration préparent une série de nouvelles sanctions économiques sans pour autant éliminer l'option militaire. "Nous souhaiterions résoudre tout cela par la voie diplomatique mais c'est très difficile", a déclaré Donald Trump. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré de son côté qu'il y avait un risque d'escalade des tensions autour de la Corée du Nord, voire d'un dérapage. Wang Yi a tenu ces propos lors d'une réunion avec un diplomate russe aux Nations unies jeudi, selon le compte rendu du ministère chinois des Affaires étrangères. Lors de l'interview accordée dans le Bureau ovale, Donald Trump s'est montré très élogieux envers le président chinois, Xi Jinping, vantant ses efforts pour calmer les velléités bellicistes de la Corée du Nord. Les deux dirigeants se sont rencontrés en Floride au début du mois. "Je pense qu'il fait beaucoup d'efforts. Il n'a évidemment aucune envie de voir le chaos et la mort. Il ne veut pas voir cela. C'est un homme bon. C'est un homme très bon que j'ai appris à connaître." "Je sais qu'il voudrait pouvoir faire quelque chose, peut-être qu'il ne sera pas en mesure de le faire", a poursuivi Donald Trump. REX TILLERSON AUX NATIONS UNIES Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a prévu de rencontrer ce vendredi aux Nations unies ses homologues des pays membres du Conseil de sécurité afin d'étudier un durcissement des sanctions contre la Corée du Nord. L'administration Trump a qualifié la Corée du Nord de "menace urgente pesant sur la sécurité nationale" Conformément à ce qu'a dit le président américain à Reuters, la Maison blanche privilégie toutefois les pressions diplomatiques et économiques pour faire entendre raison à Pyongyang, reléguant l'option militaire au deuxième plan. Cela n'a pas empêché les Etats-Unis d'envoyer un porte-avions et un sous-marin à propulsion nucléaire dans la région pour faire étalage de leur force. La Corée du Nord a de nouveau réagi vendredi à la présence de cette flotte. L'agence de presse officielle KCNA accuse les Etats-Unis "d'avoir amené la situation au bord de la guerre nucléaire" et promet que Pyongyang n'hésitera pas à recourir "à la force nucléaire" comme moyen "de dissuasion pour défendre la souveraineté et la dignité du pays". Jeudi, la Chine a salué ce qui s'apparente à une position plus souple de l'administration américaine envers la Corée du Nord, tout en réaffirmant son opposition au déploiement du bouclier antimissile américain THAAD en Corée du Sud. Rex Tillerson a déclaré sur Fox News que la Chine avait dit aux Etats-Unis avoir averti la Corée du Nord que Pékin prendrait des "sanctions unilatérales" contre Pyongyang si le pays effectuait un nouvel essai nucléaire. Le secrétaire d'Etat a également jugé que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un n'était "pas fou", suggérant qu'il était susceptible d'être un acteur rationnel avec qui la communauté internationale peut négocier. Interrogé au sujet de la psychologie de Kim Jong-un, Donald Trump a dit partir du principe qu'il était rationnel, notant au passage qu'il avait pris la tête de la Corée du Nord à un âge très jeune. "Il a 27 ans quand son père meurt et quand il prend la tête du régime. On peut dire ce que l'on veut mais ce n'est pas facile, surtout à cet âge", a dit le président américain. "Quant à savoir s'il est rationnel ou non, je n'ai pas d'opinion à ce sujet, j'espère qu'il est rationnel." (Avec la contribution de Phil Stewart, Matt Spetalnick, Eric Beech et Patricia Zengerle à Washington, Denis Pinchuk et Vladimir Soldatkin à Moscou, Ben Blanchard et Vincent Lee à Pékin et Ju-min Park à Séoul, Benoît Van Overstraeten et Gilles Trequesser pour le service français, édité par Tangi Salaün)