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Caracas reste ferme face aux menaces de Trump

par Andrew Cawthorne et Andreina Aponte WASHINGTON (Reuters) - Le gouvernement vénézuélien n'a pas l'intention de renoncer à la formation d'une assemblée constituante, malgré "l'interventionnisme brutal" des Etats-Unis, a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Samuel Moncada. Donald Trump avait menacé la veille son homologue Nicolas Maduro de prendre des "mesures économiques fortes et rapides" s'il menait le projet à bien et un premier train de sanctions pourrait être annoncé dans la journée, a-t-on appris de sources officielles à Washington. Parmi les cibles les plus probables figurent le ministre de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, et Diosdado Cabello, vice-président du Parti socialiste au pouvoir, a-t-on précisé. Selon l'un des sources interrogées par Reuters, ces sanctions, qui consistent en un gel des avoirs des personnalités visées et en l'interdiction de toute transaction avec elles, pourraient donc être annoncées ce mardi, mais une autre a parlé d'un possible report. Il s'agirait d'une première étape avant des mesures de rétorsion dans le secteur pétrolier. L'Assemblée constituante doit être élue le 30 juillet prochain. Outre la rédaction d'une nouvelle constitution, elle pourrait dissoudre le parlement où l'opposition est majoritaire. "Il s'agit d'un acte de souveraineté nationale de la part de la République. Rien n'y personne ne peut s'y opposer. L'Assemblée constituante sera formée", a déclaré le chef de la diplomatie, lors d'une conférence de presse. "Aujourd'hui, le peuple vénézuélien est libre et répondra uni à la menace insolente d'un gouvernement xénophobe et raciste (...) La déclaration de (Donald Trump) montre l'interventionnisme brutal des Etats-Unis", a-t-il ajouté. "UN MAUVAIS DIRIGEANT" Près du quart de la population vénézuélienne a participé dimanche à un référendum sur le projet de réforme de la Constitution organisé par l'opposition et 98% se sont prononcés contre. Dans un communiqué diffusé au lendemain du scrutin, Donald Trump regrette que les "initiatives fortes et courageuses" des Vénézuéliens continuent à être ignorées par "un mauvais dirigeant qui rêve de devenir dictateur". "Les Etats-Unis n'assisteront pas sans réagir à l'effondrement du Venezuela. Si le régime de Maduro impose son Assemblée constituante le 30 juillet, les Etats-Unis prendront des initiatives économiques fortes et rapides", ajoute-t-il. Le mois dernier, deux responsables de la Maison blanche ont confirmé à Reuters que des sanctions visant le secteur clé de l'énergie au Venezuela étaient envisagées au plus haut niveau, notamment contre la compagnie pétrolière publique Petróleos de Venezuela (PDVSA). Avec 780.000 barils par jour, le Venezuela est le troisième fournisseur de pétrole des Etats-Unis après le Canada et l'Arabie saoudite. Des sanctions américaines dans ce secteur pourraient être catastrophiques pour une économie vénézuélienne qui traverse déjà une crise profonde, mais risquent aussi de se traduire par une hausse des prix du carburant aux Etats-Unis, ce qui ne serait pas du goût des consommateurs. L'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique du Sud ont invité Caracas à organiser des législatives en bonne et due forme, plutôt qu'à élire une assemblée constituante. Selon le président colombien Juan Manuel Santos, qui s'exprime sur Twitter, "Le monde entier le réclame". Les manifestations organisées depuis près de quatre mois par l'opposition pour réclamer une élection présidentielle, la libération de militants arrêtés et le respect des pouvoirs législatifs ont fait une centaine de morts. (Jean-Philippe Lefief, pour le service français)