Trump ou Harris ? Pourquoi la proclamation du résultat de la présidentielle risque de prendre du temps
Scrutin serré, décompte des bulletins par correspondance, recomptages possibles… Comme il y a quatre ans, il faudra peut-être patienter plusieurs jours pour le résultat final.
Si vous pensiez connaître le nom du nouveau président américain à votre réveil mercredi 6 novembre, vous allez être déçus. Les chances de connaître le vainqueur le soir de l’élection sont « presque nulles », résume même Seth Bluestein, délégué républicain à Philadelphie, auprès de CNN. Et ce malgré de nouvelles règles prises dans plusieurs États afin d’accélérer le processus de dépouillement par rapport à 2020, où la victoire de Joe Biden n’avait été officialisée seulement que quatre jours après le vote.
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Avec un scrutin qui s’annonce cette année très serré, d’après les derniers sondages, entre Donald Trump et Kamala Harris, il faudra peut-être encore plusieurs jours avant de savoir qui du républicain ou de la démocrate deviendra le 47e président des États-Unis.
La faute à des particularités propres à certains États, notamment sur le dépouillement des bulletins de vote par correspondance, qui vont inévitablement ralentir le processus de dépouillement. Une particularité qui aura des conséquences dans les sept États indécis qui détermineront le nom du ou de la vainqueure.
Chaque bulletin de vote par correspondance doit en effet être vérifié, sorti des enveloppes et chargé dans une tabulatrice. Une manœuvre qui se répète des millions de fois, devenant rapidement chronophage. Le fait de disposer ou non d’un système de traitement préalable peut faire la différence entre l’obtention des résultats dans les heures qui suivent et un processus qui s’étire sur plusieurs jours.
Cette année, la grande majorité des États autorisent le prétraitement des bulletins de vote, c’est-à-dire que les responsables des bureaux de vote peuvent retirer les bulletins des enveloppes avant le jour du scrutin pour gagner du temps. C’est par exemple nouveau dans le Michigan, qui n’autorisait pas une telle manière de procéder jusque-là. En revanche, ce n’est toujours pas le cas en Pennsylvanie et dans le Wisconsin, deux États qui figurent parmi les « swing states », où les sondages donnent Trump et Harris dans un mouchoir de poche.
Des votes par correspondance à géométrie variable
« Si vous êtes en Floride, vous obtiendrez les résultats un peu plus rapidement, tout simplement parce que nous disposons de 22 jours de traitement préalable. Si vous êtes en Pennsylvanie ou dans le Wisconsin, la loi stipule de ne pas commencer avant le jour du scrutin », explique ainsi Carolina Lopez, ancienne fonctionnaire de Floride, à Politico.
En Arizona, un autre des « swing states », la plupart des habitants votent via des bulletins envoyés par courrier à leur domicile. Nombreux sont ceux qui choisissent de retourner ces bulletins seulement le jour de l’élection dans des boîtes de dépôt ou des centres de vote. Autant de bulletins qui ne sont donc pas pris en compte dans les procédures de prétraitement.
En Caroline du Nord, une nouvelle disposition exige que les commissions électorales des comtés attendent la fermeture des bureaux de vote à 19h30 le jour de l’élection pour commencer à compter et à communiquer les résultats des votes exprimés pendant les 17 jours de la période de vote anticipé de l’État.
Risque de « mirage rouge »
Dans le Nevada, là encore un « swing state », les bulletins par correspondance arrivés jusqu’au 12 novembre seront comptés, à condition qu’ils aient été postés avant le 5 novembre. Ce délai est même poussé au 14 novembre en Caroline du Nord.
Les observateurs électoraux craignent que les retards dans le dépouillement des bulletins de vote par correspondance ne donnent au public une fausse idée du vainqueur de l’élection. Cela pourrait créer un « mirage rouge », montrant les républicains en tête dans un premier temps avant que davantage de bulletins de vote par correspondance à tendance démocrate ne soient traités et ajoutés au décompte. De quoi laisser s’installer de fausses narrations sur une fraude électorale dans un pays désormais fragile sur le sujet.
Malgré tout, il y aura cette année moins de votes par correspondance qu’en 2020. Avec la pandémie de Covid-19, le vote par correspondance avait atteint 43 % de l’ensemble des votes il y a quatre ans. Ce qui devrait ainsi permettre d’obtenir une partie des résultats plus rapidement.
En Géorgie, une nouvelle mesure qui ralentit le décompte
S’ajoutent à ces contraintes les règles de recomptage. Très récemment en Géorgie, une majorité de membres de la commission électorale, favorable à Donald Trump, ont approuvé une nouvelle règle obligeant les agents électoraux à compter manuellement le nombre de bulletins déposés dans un bureau de vote pour s’assurer qu’il correspond au nombre de bulletins comptabilisés par les machines à voter. Ce qui engendrera inévitablement du temps supplémentaire pour l’obtention des résultats.
Autre exemple : le Wisconsin permet à un candidat distancé par moins de 1 % des votes de demander un nouveau décompte, comme le rapporte TF1. Allongeant potentiellement le délai de proclamation du résultat.
Enfin, le résultat final dépendra aussi de son acceptation par les deux candidats. Des doutes légitimes subsistent autour de Donald Trump en cas de défaite. Le républicain ne cesse en effet d’affirmer que la seule possibilité pour lui de perdre serait que le camp de son adversaire truque les résultats.
À plusieurs reprises, il a refusé de dire qu’il soutiendrait une transition pacifique au sommet du pouvoir. Et il affirme toujours que la présidentielle de 2020 lui a été volée, élément central des poursuites fédérales qui le visent pour sa tentative présumée d’inverser le résultat de ce scrutin. Il n’est donc pas impossible que le républicain s’engage dans des batailles judiciaires ou demande des recomptages massifs dans les États serrés.
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