Trump ou Harris : comment Hollywood s’est appropriée la présidentielle américaine en 7 films sortis cette année
CULTURE - Hollywood, dernier rempart démocrate ? Rien n’est moins sûr. À l’heure d’un choix crucial pour les États-Unis, la fiction américaine s’est, à sa manière, emparée des enjeux de l’élection présidentielle américaine qui oppose Donald Trump et Kamala Harris.
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Avant le 5 novembre, plusieurs films ont résonné avec le scrutin à venir, au-delà du cas de The Apprentice, film abordant frontalement la figure de Donald Trump. C’est le cas d’un biopic sur l’ancien président Ronald Reagan, passé totalement inaperçu en France ces dernières semaines, faute de sortie au cinéma.
Parallèles évidents
Avec ce film destiné au public conservateur américain avec deux des rares acteurs hollywoodiens ouvertement pro-Trump (Jon Voight et Dennis Quaid), les échos à la présidentielle américaine sont nombreux, bien qu’involontaires, selon son réalisateur Sean McNamara. Disposant d’un succès inattendu de l’autre côté de l’Atlantique, Reagan divise comme rarement spectateurs et critiques, partagés entre l’éloge d’un biopic « inspirant » et « patriotique » et la dénonciation d’une œuvre bancale qui n’ose jamais s’attaquer à l’image de président aussi controversé qu’adulé.
Si ce projet était prévu de longue date, son réalisateur admet sans difficultés les références à l’actualité, malgré une « coïncidence » avec l’actualité au moment de la sortie en salle le 30 août 2024 : « Ces choses se sont produites soudainement au cours des derniers mois. Même moi, quand je regarde le film, je me dis “waouh, c’est un peu ce qui se passe aujourd’hui”. J’ai été choqué par les ressemblances ».
Ces « ressemblances » qu’évoque Sean McNamara, ce sont les tentatives d’assassinat contre Donald Trump, dont Reagan a également été victime peu après son élection, mais également les polémiques sur l’âge du candidat à la présidentielle (Reagan était devenu le plus vieux président américain, comme Trump pourrait le devenir en cas de victoire) ou le contexte économique inflationniste et les enjeux géopolitiques qui traversent le monde au moment des scrutins de 1980 et 2024.
Des renvois à l’actualité, il y en a aussi dans Civil War. Dernier film de l’écrivain et réalisateur britannique Alex Garland, le long métrage sorti en avril dernier en France. Il dépeint la crise démocratique américaine à travers une guerre civile dans un contexte confus : un président américain aux relents trumpistes est confronté, au cours de son troisième mandat, à des factions californiennes et texanes alliées pour faire sécession contre le gouvernement autoritaire.
Perte de repères
Bien plus acérée que Reagan, cette dystopie ultra-réaliste qui ne prend jamais réellement partie expose au grand jour les maux de l’Amérique à travers le voyage d’une équipe de journalistes et photographes de guerre en quête d’une ultime interview du président avant sa chute annoncée.
Multipliant les séquences qui feraient passer l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 pour un événement « bénin », comme le souligne la critique de Variety, ce long-métrage n’épargne personne. S’attirant dès lors des critiques pour son absence de positionnement politique clair ou pour sa posture presque contemplative quand certains s’attendaient à un film de guerre cathartique sur le désir de bousculer l’ordre établi par les armes. À l’image de cette fameuse phrase de Jesse Plemons, présente dans la bande-annonce : « Quel genre d’Américain êtes-vous ? »
Toutefois, l’exemple le plus flagrant cette année au cinéma reste sans conteste The Apprentice. Bien que son réalisateur assurait au HuffPost que son film ne concerne pas Trump ou la présidentielle, force est de constater que ce portrait cru de l’ascension de Trump dans les années 1970 et 1980 a profité d’une stratégie de diffusion liée à la présidentielle américaine. Et ce malgré la frilosité des grands studios hollywoodiens a le distribuer.
Plus discret, le film The Sweet East, variation moderne d’Alice au pays des merveilles sorti en début d’année, aborde l’Amérique par le prisme du conte de fées et du road trip adolescent pour mieux illustrer les fractures sociales, idéologiques et politiques des États-Unis. « Wokisme », omniprésence des armes à feu, suprémacisme blanc… : tout y passe, sans véritable parti pris.
Des thèmes sociaux omniprésents
S’il est sorti en 2020, Une Ode américaine, a été propulsé au sommet des tendances du Netflix US cet été, quatre ans après sa sortie, comme le souligne Variety. Il faut dire que le film est adapté du best-seller autobiographique écrit en 2016 par J. D. Vance, candidat à la vice-présidence qui a connu un retour en grâce inespéré au moment où il a été choisi par Donald Trump pour être son colistier. Malgré des critiques peu élogieuses, le film illustre indirectement comment la classe moyenne américaine blanche s’est progressivement tournée vers Donald Trump.
La présidentielle s’est aussi invitée dans le genre du documentaire, toujours en lien avec les thèmes de la campagne. C’est le cas du récent film Netflix Zurawski v Texas, dévoilé le jour où Kamala Harris faisait campagne au Texas sur le droit à l’avortement. Un thème au centre de ce documentaire sur le combat de trois femmes contre l’État du Texas, en 2023, après s’être vu refuser des avortements en dépit des risques pour la santé de leur grossesse.
Pour finir, difficile de ne pas citer Girls State, documentaire saisissant d’Apple TV+ sur une expérience sociale immersive menée dans le Missouri. Le principe : avoir réuni 500 adolescentes en leur posant la question suivante : « À quoi ressemblerait la démocratie américaine entre vos mains ? » Permettant à cette génération de lycéennes d’imaginer un nouveau gouvernement, réaliser une campagne électorale et former une Cour suprême pour s’attaquer aux sujets de société les plus sensibles.
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