Trump et Rohani échangent de virulentes critiques à l'Onu

Donald Trump et Hassan Rohani ont échangé menaces et insultes mardi à la tribune des Nations unies, le premier promettant de nouvelles sanctions contre Téhéran et le président iranien laissant entendre que son homologue américain souffrait d'un "déficit d'intelligence". /Photo prise le 25 septembre 2018/REUTERS/Shannon Stapleton

par Steve Holland et Jeff Mason

NATIONS UNIES (Reuters) - Donald Trump et Hassan Rohani ont échangé menaces et insultes mardi à la tribune des Nations unies, le premier promettant de nouvelles sanctions contre Téhéran et le président iranien laissant entendre que son homologue américain souffrait d'un "déficit d'intelligence".

Donald Trump a profité de son intervention devant l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, à New York, pour s'en prendre à la "dictature corrompue" au pouvoir à Téhéran, qui a été la cible principale de ses flèches, même s'il n'a pas non plus épargné le Venezuela.

"Les dirigeants iraniens sèment le chaos, la mort et la destruction", a dit Donald Trump dans un discours de 35 minutes. "Ils ne respectent ni leurs voisins ni les frontières, ni les droits souverains des Etats".

Donald Trump, qui a prévu de tenir une conférence de presse mercredi à 21h00 GMT après les entretiens qu'il aura eus aux Nations unies, a annoncé que d'autres sanctions seraient mises en oeuvre après celles qui seront rétablies le 5 novembre sur le pétrole iranien. Accusant l'Iran de mener des agressions au Moyen-Orient, le locataire de la Maison blanche a appelé les autres nations à isoler le gouvernement iranien.

"D'autres sanctions seront prises le 5 novembre, et d'autres encore suivront; nous oeuvrons avec les pays qui importent du brut iranien pour qu'ils réduisent fortement leurs achats", a dit Trump.

Avant de monter à la tribune, il avait dit à la presse qu'il n'entendait pas rencontrer les dirigeants iraniens tant qu'ils n'auraient pas "changé de disque".

Hassan Rohani, qui s'est exprimé à la même tribune peu après, s'en est pris vivement à la décision de Trump, annoncée en mai dernier, de dénoncer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, laissant entendre que la faculté du président américain à retirer les Etats-Unis d'accords ou d'organismes internationaux relevait d'un problème caractériel.

LE CONTRE-PIED DE TRUMP

"S'en prendre au multilatéralisme n'est pas un signe de puissance. Plutôt le symptôme d'un déficit d'intelligence - cela trahit une incapacité à comprendre un monde complexe et interconnecté", a asséné Rohani, qui a assuré que l'Iran ne voulait ni guerre ni sanctions, mais seulement le dialogue.

L'intervention de Donald Trump a été accueillie dans l'ensemble par le silence de dirigeants mondiaux toujours mal à l'aise face à ses positions unilatérales, qui ont tendu les relations entre Washington et ses alliés traditionnels dans le monde entier.

Parfois, il s'est même attiré les railleries. Le président américain a profité de son intervention pour affirmer que l'oeuvre qu'il avait accomplie depuis sa prise de fonction dépassait presque n'importe laquelle de ses prédécesseurs dans l'histoire; cette remarque a été accueillie par un murmure amusé parmi les dirigeants de la communauté internationale et les diplomates présents à l'Assemblée générale.

En plus de s'en prendre à l'Iran ou au Venezuela, Donald Trump, qui a relevé les droits de douane pour 250 milliards de dollars de produits chinois importés aux USA, a reproché à Pékin ses pratiques commerciales. Il n'a en revanche pas mentionné l'ingérence de la Russie dans la guerre en Syrie et son immixtion présumée dans les élections américaines.

Prenant le contre-pied de son homologue américain lorsque ce fut son tour de monter à la tribune, le président français, Emmanuel Macron, a mis en garde contre "la loi du plus fort" et l'unilatéralisme, qui conduisent selon lui directement "au repli et au conflit".

Emmanuel Macron a appelé d'autre part Donald Trump à "aller au bout de son raisonnement" sur la question des prix du pétrole, jugés excessifs par le président américain, en autorisant de nouveau l'Iran à en vendre.

(Avec John Irish et Marine Pennetier; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)