Comment Trump entend se relancer avec les primaires du parti républicain pour les élections de mi-mandat

Comment Trump entend se relancer avec les primaires du parti républicain pour les élections de mi-mandat

Aux États-Unis, s'opposer à Donald Trump au sein du parti républicain peut coûter très cher. L'ancien président tient désormais une revanche politique contre les dix parlementaires républicains qui avaient voté en faveur de son impeachment après l'invasion du Capitole le 6 janvier 2021.

En novembre auront lieu les élections de mi-mandat où les 435 sièges de la Chambre des représentants seront disputés. A l'issue des primaires qui se déroulent actuellement pour désigner les candidats à cette élection, seuls deux des dix qui ont voté la mise en accusation de Donald Trump sont encore dans la course pour conserver leur siège.

Preuve de l'influence de Donald Trump sur le parti républicain et de l'adhésion au discours complotiste sur l'invasion du Capitole et sur l'élection de 2020 de Joe Biden de la base électorale républicaine, désormais largement trumpiste.

L'élection de 2020 toujours au coeur du scrutin

"Il y a deux ans, j’ai remporté cette primaire avec 73% des voix. J’aurais pu le refaire, c’était facile. (Mais) il m’aurait fallu accepter les mensonges du président Trump sur les élections de 2020. Il aurait fallu que je tolère ses efforts continus pour détruire notre système démocratique et attaquer les fondements de notre république. C’est un chemin que je ne voulais pas choisir et que je ne pouvais suivre", a exprimé Liz Cheney ce mardi lors de sa défaite à la primaire républicaine dans son Etat du Wyoming.

Liz Cheney était la plus symbolique des opposants à Donald Trump au sein de son propre parti. Elle fait partie des dix députés républicains qui ont voté en faveur de l'impeachment et est surtout vice-présidente de la commission d'enquête sur l'insurrection du 6 janvier 2021.

L'ancien président avait ainsi lancer une vendetta contre celle qui briguait son quatrième mandat à la Chambre des représentants et qui, pourtant, prônait des thèses ultra-conservatrices - sur les armes, l'avortement ou le climat - proches de celles de Donald Trump.

Toutefois, le milliardaire a réussi à muer le débat politique autour de deux sujets: l'invasion du Capitole et le déni du résultat de l'élection de Joe Biden. Par conséquent, l'opposition de Liz Cheney sur ces points a suffi à lui coûter son siège. Sans surprise, c'est Harriet Hageman, championne trumpiste soutenue par l'ancien président, qui a largement remporté la primaire républicaine dans le Wyoming.

Les accusateurs de Donald Trump défaits

Pour Donald Trump, c'est donc l'heure de prendre sa revanche. C'est également la preuve qu'il parvient à remodeler le parti républicain à sa sauce, avec une base sincèrement convaincue que l'élection de 2020 a été "volée" par Joe Biden et avec des candidats prêts à tout pour obtenir son soutien.

Il faut "tenir pour donnée politique qu'une vaste majorité d'électeurs républicains est trumpienne, convaincue du vol de l'élection 2020 et ne désavouant pas le Capitole", écrit sur Twitter Corentin Sellin, spécialiste de politique américaine.

Car Liz Cheney n'est pas la seule à avoir subi ce sort. D'abord, quatre des dix députés républicains s'étant opposés à Donald Trump ont choisi de ne pas briguer un nouveau mandat lors des prochaines élections. Trois d'entre eux ont avancé des raisons liées à leur vote en faveur de l'impeachment: menaces de mort, hostilité ou peur pour leurs proches.

Trois autres - en plus de Liz Cheney - ont perdu ces dernières semaines face à des candidats pro-Trump, soutenus par l'ancien président. À titre d'illustration, lors de la défaite de Tom Rice, en Caroline du Sud, Donald Trump a affirmé que "la plus grande nouvelle de la soirée jusqu'à présent est que Russell Fry a battu le maître de l'impeachment Tom Rice avec un vote de plus de 51%, gagnant ainsi catégoriquement sans avoir besoin d'un second tour."

Deux derniers sont parvenus in extremis à sauver leur peau lors des primaires, notamment grâce à des modes de scrutin favorables. En outre, les deux ont essayé d'éviter que les projecteurs ne soient braqués sur leur vote pour l’impeachment, note Politico, quand d'autres, comme Liz Cheney, ont fait de leur soutien à ce vote un élément central de leur campagne. Sans succès.

Le trumpisme adopté par le parti républicain

Le dogme du trumpisme semble donc avoir été adopté par les militants républicains: tous ceux s'opposant à leur chef de file sont considérés comme des traîtres et sont balayés lors de ces élections. La frange modérée du parti bat de l'aile.

"En 18 mois, loin de disparaître après l'insurrection du Capitole, Donald Trump a infusé sa doctrine nationaliste et antisystème dans tout le parti républicain qu'il tient dans sa main", analyse Corentin Sellin.

Au-delà de l'éviction des députés ayant voté l'impeachment, selon un décompte du Washington Post, dans les six États où s'est jouée l'élection de 2020, les candidats qui nient la légitimité de cette élection ont remporté près de deux tiers des votes républicains lors de ces primaires.

Des résultats qui soulignent l'influence de Donald Trump sur le parti et également à quel point le fait de s'attirer ses faveurs et d'imiter son attitude - y compris en exprimant ses doutes quant à l'intégrité des élections - est devenu une tactique répandue parmi les candidats qui cherchent à remporter des primaires, rapporte CNBC, et plus tard un siège au Congrès.

Article original publié sur BFMTV.com