Trump lance un ultimatum sur l'Iran, Téhéran va réagir

Donald Trump a accepté, pour la "dernière fois", de prolonger la suspension des sanctions économiques contre l'Iran levées en vertu de l'accord de 2015 qui encadre les activités nucléaires de la République islamique. /Photo prise le 12 janvier 2018/REUTERS/Joshua Roberts

WASHINGTON/DUBAI (Reuters) - Donald Trump a accepté, pour la "dernière fois", de prolonger la suspension des sanctions économiques contre l'Iran levées en vertu de l'accord de 2015 qui encadre les activités nucléaires de la République islamique.

Mais le président américain a fixé un ultime délai, de 120 jours, pour permettre aux Etats-Unis et à leurs partenaires européens de corriger, a-t-il dit, les "terribles défauts" dont souffre cet accord signé à Vienne le 14 juillet 2015.

"C'est la dernière chance", a-t-il assuré vendredi dans un communiqué. Si ces modifications ne sont pas apportées d'ici quatre mois, dans un texte distinct, les Etats-Unis se retireront unilatéralement de l'accord.

"Bien que j'y sois très fortement enclin, je n'ai pas encore retiré les Etats-Unis de l'accord nucléaire iranien", dit Donald Trump, avançant "deux voies possibles : ou réparer les terribles défauts de l'accord ou les Etats-Unis se retireront."

L'Iran a immédiatement réagi, son ministre des Affaires étrangères soulignant que le Plan global d'action conjoint (PGAC), nom officiel de l'accord de 2015, n'était pas "renégociable".

Dans un message sur Twitter, Mohammad Javad Zarif estime que le président américain ne fait que se livrer "à des tentatives désespérées de saboter un accord multilatéral solide".

Depuis son arrivée au pouvoir il y a un an, Donald Trump ne fait pas mystère de son intention de voir annulée cette convention d'encadrement du programme nucléaire iranien, conclue sous la présidence de son prédécesseur démocrate Barack Obama entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Chine, France, Royaume-Uni, Etats-Unis et Russie) plus l'Allemagne et l'Union européenne.

L'Union européenne dit avoir pris note de la décision de Donald Trump et elle va en étudier les conséquences. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE en discuteront le 22 janvier à Bruxelles, dit-on de source diplomatique.

Mais, soulignant la difficulté de la situation, un diplomate européen a déclaré sous le sceau de l'anonymat : "Cela va être compliqué de sauver l'accord après cela."

La Russie a pour a part jugé "extrêmement négative" l'annonce du président américain.

SANCTIONS CIBLÉES

Pendant que Donald Trump maintenait la levée des sanctions économiques, le département du Trésor décidait d'imposer de nouvelles sanctions ciblées contre 14 entités et personnalités iraniennes, dont le chef de l'appareil judiciaire, l'ayatollah Sadeq Larijani.

Dans un communiqué, il écrit que ce proche du guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est rendu coupable "de graves violations des droits de l'homme en Iran".

Samedi, l'Iran a annoncé qu'il allait riposter à ces sanctions, mais sans préciser de quelle manière.

"La mesure hostile du régime Trump dépasse toutes les limites de bonne conduite au sein de la communauté internationale et constitue une violation du droit international. Elle fera à n'en pas douter l'objet d'une réaction ferme de la République islamique", dit le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le président américain va maintenant travailler avec ses alliés européens sur un accord complémentaire qui précise certains points que le gouvernement iranien ne peut dépasser en ce qui concerne les missiles balistiques, ont indiqué de hauts responsables de l'administration.

L'un d'entre eux a expliqué que Donald Trump pourrait peut-être rester dans un accord modifié s'il devenait permanent.

Le chef de la Maison blanche a présenté plusieurs conditions pour maintenir les Etats-Unis dans l'accord. L'Iran doit autoriser "des inspections immédiates de tous les sites requis par les inspecteurs internationaux".

De même, il a dit souhaiter lier les programmes iraniens nucléaire et de missiles à longue portée, de sorte que tout test de missile ferait l'objet de "sanctions sévères".

Le président veut enfin que le Congrès modifie la loi qui réexamine la participation des Etats-Unis à l'accord nucléaire pour qu'elle comprenne des "points de déclenchement" qui, s'ils n'étaient pas respectés, déboucheraient sur la rétablissement de sanctions par les Etats-Unis, a dit ce responsable.

Cela ne passerait pas par des négociations avec l'Iran mais serait plutôt le résultat de discussions entre les Etats-Unis et leurs alliés européens. Des travaux ont déjà commencé en ce sens, a ajouté le responsable.

(Steve Holland, avec Jeff Mason, Doina Chiacu, David Alexander et Arshad Mohammed à Washington, Robin Emmott à Bruxelles, Parisa Hafezi à Ankara, Andreï Ostroukh à Moscou et la rédaction de Dubaï, Danielle Rouquié, Eric Faye et Gilles Trequesser pour le service français)