Le mot de Trump sur l'élection accentue le désarroi républicain

par Patricia Zengerle et Emily Stephenson DELAWARE, OHIO (Reuters) - Plusieurs hauts responsables républicains ont critiqué jeudi le refus de Donald Trump de s'engager à accepter le résultat de l'élection présidentielle américaine, certains estimant même que ces propos du milliardaire pourraient nuire aux chances du Grand Old Party de conserver la majorité au Congrès. Cette sortie inattendue de l'homme d'affaires, qui a "horrifié" sa rivale Hillary Clinton, a été le point le plus saillant du troisième et dernier débat qui a opposé mercredi les deux principaux candidats à la présidentielle du 8 novembre. Interrogé par le modérateur Chris Wallace sur l'attitude qu'il adoptera à l'annonce des résultats, alors qu'il dénonce depuis des jours une élection "truquée", le milliardaire s'est contenté de répondre: "Je vous le dirai le moment venu, je vais maintenir le suspense. D'accord ?" La petite phrase a fait la une de tous les journaux jeudi matin, les éditorialistes se demandant si l'homme d'affaires est prêt à un transfert pacifique du pouvoir, l'un des piliers du système démocratique américain. Par la suite, lors d'un meeting à Delaware dans l'Ohio, Donald Trump a affirmé jeudi après-midi qu'il respecterait le résultat "si (il) gagne". "Naturellement, j'accepterai le résultat de l'élection s'il est clair, mais je me réserverai aussi le droit de contester ou de déposer un recours juridique dans le cas d'un résultat douteux", a déclaré le candidat républicain. UN ACTE DE RESPECT Le sénateur républicain John McCain, battu par Barack Obama à la présidentielle de 2008, a critiqué les propos de Trump, en soulignant qu'accepter le résultat de l'élection faisait partie de la mentalité américaine. "Je n'ai pas aimé le résultat de l'élection en 2008. Mais j'avais le devoir de reconnaître ma défaite, et je l'ai fait sans hésitation", a-t-il dit, évoquant un "acte de respect envers la volonté du peuple américain". John McCain a déjà retiré son soutien à Donald Trump. Plusieurs démocrates ont saisi l'occasion pour demander aux candidats républicains au Congrès s'ils étaient d'accord avec Donald Trump. "Etes-vous d'accord avec Donald Trump pour questionner les résultats de l'élection?", a demandé le Parti démocrate du Nevada au représentant républicain Joe Heck, qui brigue le siège de sénateur laissé vacant par le chef de la minorité démocrate à la chambre haute Harry Reid, mais doit faire face à la vive concurrence de son adversaire démocrate Catherine Cortez Masto. Un consultant républicain, Matt Mackowiak, estime que cette controverse allumée par Donald Trump incitera les candidats aux élections législatives, qui ont lieu en même temps que la présidentielle, à prendre leurs distances avec l'homme d'affaires, surtout s'ils sont en mauvaise posture. Il regrette également que la discussion après le débat ait été monopolisée par cette phrase, jugeant que Donald Trump avait globalement livré une prestation plutôt bonne et qu'Hillary Clinton s'était mise en difficulté sur plusieurs dossiers. Un sondage instantané réalisé pour CNN a donné la candidate démocrate vainqueur de cette ultime confrontation à 52% contre 39% au républicain. (Danielle Rouquié et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)