Publicité

Trump critiqué à l'étranger pour ses propos sur Charlottesville

Le revirement opéré mardi soir par Donald Trump sur l'évaluation des violences commises à Charlottesville a provoqué l'embarras chez les républicains et a suscité des commentaires critiques à l'étranger. /Photo prise le 15 août 2017/REUTERS/Kevin Lamarque

BERLIN/LONDRES (Reuters) - Le revirement opéré mardi soir par Donald Trump sur l'évaluation des violences commises à Charlottesville a provoqué l'embarras chez les républicains et a suscité des commentaires critiques à l'étranger, notamment en Allemagne. Après avoir condamné du bout des lèvres lundi les thèses défendues par les organisations suprémacistes blanches comme le Ku Klux Klan, le président américain est revenu à sa position initiale consistant à renvoyer dos à dos les manifestants de l'"alt right" (la droite extrême) et les militants antiracistes auxquels ils se sont heurtés. "La manière dont Trump minimise désormais la violence des hordes de droite à Charlottesville est insupportable", a commenté Heiko Maas, le ministre allemand de la Justice, membre du Parti social-démocrate (SPD) participant à la coalition gouvernementale. "Personne ne devrait banaliser l'antisémitisme et le racisme des néonazis", a-t-il ajouté dans un communiqué. Martin Schulz, candidat du SPD à la chancellerie face à Angela Merkel lors des élections législatives du 24 septembre, s'est montré encore plus direct dans ses critiques à l'égard du président américain. "La banalisation de la violence nazie par les déclarations confuses de Donald Trump est très dangereuse", a déclaré l'ancien président du Parlement européen. "Nous ne devrions pas tolérer de telles monstruosités sortant de la bouche d'un président", a-t-il ajouté dans un entretien au groupe de presse RND. Angela Merkel avait estimé lundi sur la chaîne de télévision publique Phoenix qu'une action claire et déterminée était nécessaire pour combattre l'extrémisme de droite, ajoutant que l'Allemagne constatait une montée de l'antisémitisme et quelle "avait beaucoup à faire chez elle". MAY DÉNONCE LES OPINIONS FASCISTES La Première ministre britannique Theresa May a elle aussi estimé mercredi qu'il n'était pas possible de mettre sur le même plan les fascistes et ceux qui s'opposent à leurs thèses. "Il n'y a pas d'équivalence, je ne vois pas d'équivalence entre ceux qui expriment des opinions fascistes et ceux qui s'y opposent et je pense qu'il est important que tous ceux qui occupent des responsabilités condamnent les positions de l'extrême droite d'où qu'elles s'expriment", a déclaré la chef du gouvernement britannique. Même si Theresa May s'est gardée de critiquer directement Donald Trump, cette déclaration a surpris les observateurs tant la dirigeante conservatrice s'efforce d'entretenir des bonnes relations avec Washington au moment où elle est engagée dans des négociations ardues sur les conditions du Brexit. Ces efforts de May pour s'attirer les bonnes grâces de la Maison blanche lui ont valu des critiques de la part de l'opposition britannique. Plusieurs experts de l'Onu ont également publié mercredi un communiqué à Genève dans lequel ils condamnent les violences racistes commises à Charlottesville, en particulier la mort d'une femme de 32 ans, volontairement renversée par un jeune homme de 20 ans connu pour ses sympathies nazies. "Nous sommes scandalisés par la violence à Charlottesville et par la haine raciale montrée par les extrémistes de droite, les suprémacistes blancs et les groupes néonazis", dit ce groupe d'experts. "Nous demandons des poursuites et des sanctions appropriées pour tous auteurs et l'ouverture rapide d'une enquête indépendante sur ces événements", poursuivent-ils. Les experts des questions de racisme et de discrimination raciale estiment que les violences survenues en Virginie confirment le développement des violences racistes et de la xénophobie aux Etats-Unis. (Andrea Shalal à Berlin et Alistair Smout à Londres, avec Stéphanie Nebehay à Genève; Pierre Sérisier pour le service français, édité par Tangi Salaün)